Un rapport propose d'autoriser la consommation de drogue dans les centres d'accueil pour toxicomanes

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Un usager de la drogue. Image d'illustration. © SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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avec AFP , modifié à
Pour la Fédération française d'addictologie, il faut aussi dépénaliser l'usage de la drogue puisque "punir ou mettre en prison" n'a "aucun intérêt".

Consommer dans des "salles de shoot" mais pas seulement : la Fédération française d'addictologie (FFA) recommande dans un rapport rendu public lundi que la consommation de drogue soit également permise dans les centres d'accueil pour toxicomanes.

A la base, des lieux de conseil. Les centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (CAARUD) sont à l'origine des lieux de conseil, de prévention et de soins, où la consommation est officiellement interdite. Mais "la supervision d'injections se fait déjà officieusement dans ces centres qui doivent pouvoir accompagner sur le plan médical ce type de gestes pour en limiter les risques", explique le docteur Alain Morel, qui a présidé l'audition publique dont est issu le rapport de la FFA.

Antidote à l'overdose. Concrètement, la supervision médicale d'une injection permet d'éviter les risques d'overdoses et les risques infectieux. "On veille à ce que l'usager ne se pique pas n'importe comment, avec une seringue propre, et pas n'importe où en fonction de l'état de ses veines, qu'il évite par exemple de piquer dans un abcès et risquer la septicémie", précise Alain Morel.

Par ailleurs, la fédération, qui rassemble les associations de lutte contre les addictions, recommande la mise à disposition des usagers et de leur entourage de la Naxolone, un antidote permettant de renverser les effets d'une overdose à un opioïde ou à l'héroïne. En France, la Naxolone ne peut être administrée que par un médecin. "En cas d'overdose, les services d'urgence d'un hôpital peuvent faire une injection qui vous sauvera la vie, mais le temps que vous arriviez à l'hôpital...", pointe le Dr Morel, alors que l'espérance de vie est réduite à une dizaine de minutes en cas de perte de conscience suite à une overdose.

Dépénaliser. Selon la FFA, la diminution des risques et des dommages liés aux conduites addictives passe en priorité par la dépénalisation de l'usage. "Harceler, punir ou mettre en prison des usagers de drogues n'a aucun intérêt : toutes les structures et sociétés savantes du champ de addictions sont d'accord sur ce point", souligne le Dr Morel.