Un "pédophile en série" jugé à Nice

© MAXPPP
  • Copié
avec AFP
Aurélien Jarrier, pédophile de 37 ans, est jugé pour cinq viols et agressions sexuelles sur 19 mineurs. Déjà condamné, l'homme se trouvait pourtant sous contrôle judiciaire au moment des faits.

Ses avocats le présentent comme un Peter Pan. Les défenseurs des victimes évoquent quant à eux un prédateur. Aurélien Jarrier, pédophile de 37 ans, déjà condamné en Alsace pour l'agression sexuelle de onze petits garçons, est jugé à partir de jeudi devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes.  Il devra répondre de cinq viols et agressions sexuelles à l'encontre de dix-neuf autres enfants dans le centre et le sud de la France. Cet ancien directeur de colonies de vacances reconnaît des attouchements sexuels ainsi que l'administration de sédatifs, mais nie tout viol.

Ce procès fleuve à Nice doit durer douze jours et pourrait se tenir à huis clos partiel ou total. 

Cinq mineurs violés, dix autres victimes d'agressions sexuelles. Aurélien Jarrier comparaît pour les viols de cinq mineurs, âgés entre 8 ans et 15 ans, ce qui lui vaut devant une Cour d'assises. Il est soupçonné d'avoir agressé sexuellement dix autres garçons. Le pédophile est aussi accusé de corruption sur deux mineurs, pour leur avoir montré des films pornographiques, et d'administration de substances nuisibles à deux autres. Seules des victimes aujourd'hui âgées de plus de 15 ans pourraient venir témoigner.

Condamné puis libéré sous contrôle judiciaire… Mis en examen en Alsace en mars 2007 pour agressions sexuelles alors qu'il était directeur d'un centre de vacances près de Colmar, Aurélien Jarrier avait été libéré au bout d'un an et placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès. Il s'était alors installé chez sa mère à Golfe-Juan dans les Alpes-Maritimes, en adoptant le nom de jeune fille de celle-ci.

… il récidive lourdement. Mais à sa sortie de prison, l'hommecontacte sa meilleure amie dans la région de Bourges, dans le Cher. A la faveur d'une rencontre, celle-ci lui présente son jeune neveu et ses amis. Il est soupçonné d'avoir violé ou agressé six de ces garçonnets, essentiellement au domicile des grands-parents de son amie, résume Philippe Vique, vice-procureur à Grasse, où l'affaire a été instruite.

Plus tard, dans les Alpes-Maritimes, une connaissance lui présente son petit-frère, dont Aurélien Jarrier aurait finalement abusé, et sa sœur, seule petite fille du procès, qu'il aurait droguée. Aurélien Jarrier poursuit son entreprise au delà du cadre de son entourage.  Il va ainsi prospecter sur le site internet d'activités amicales onvasortir.com. Entre avril et septembre 2010, il organisera ainsi 44 sorties pour approcher d'autres enfants, avant d'être démasqué.

Dix neuf victimes dans le Centre et les Alpes-Maritimes. La procédure inclut enfin quatre victimes antérieures qui avaient croisé Jarrier dans la ville de son enfance à Montargis, dans le Loiret, à partir de 1999. Il organisait alors des sorties, via son association "Robinson Crusoe".  Les dix-neuf victimes recensées dans le Centre et les Alpes-Maritimes étaient âgées de 4 à 15 ans au moment des faits, précise Philippe Vique. 

Certaines ont décrit des scènes de viols ou des douleurs localisées, d'autres ne se souviennent de rien car l'accusé faisait parfois usage de médicaments pour les endormir. Des vidéos potentiellement incriminantes ont également été retrouvées sur son ordinateur.

Un prédateur qui se présentait comme un "pédo-analyste". Sylvie Martin, avocate de deux victimes, souligne qu'Aurélien Jarrier se présentait comme un "pédo-analyste" sur son propre site internet. "C'est un prédateur qui recrutait sur internet. Les familles étaient satisfaites, il était animateur, savait organiser des jeux", note-t-elle.

Pour l'avocate Sandrine Reboul qui défend six enfants ainsi que l'association Enfance et partage, "Aurélien Jarrier choisissait sciemment les familles qu'il allait approcher, souvent des mères isolées". Mais après les sorties, "des mamans trouvaient que les petits étaient vaseux". Une mère aura finalement des doutes en découvrant dans le sac à dos du gentil bénévole de la vaseline, des gants en latex et des médicaments.

La justice mise en cause. "Beaucoup de mamans sont en révolte contre l'administration judiciaire", souligne par ailleurs Me Sandrine Reboul. "Personne n'est allé contrôler ses activités dans les Alpes-Maritimes où il ne devait pas sortir le soir" à cause de son contrôle judiciaire.Fabien Collado, l'un des trois avocats de la défense, fustige la lenteur de la justice, avec un procès tenu près de sept ans après son incarcération préventive en Alsace.

En décembre 2013, le tribunal correctionnel de Colmar a condamné Aurélien Jarrier à six ans de prison pour des agressions sexuelles, survenues en 2006, sur onze garçons. "S'il y avait eu une instruction rapide, il aurait été condamné et aurait suivi des injonctions de soins", observe Me Collado, précisant qu'Aurélien Jarrier conscient de sa "maladie", a ainsi été victime enfant de violences sexuelles.