Un miracle, comment ça marche ?

Le sanctuaire de Lourdes dans les Pyrénées.
Le sanctuaire de Lourdes dans les Pyrénées. © PASCAL PAVANI / AFP
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A.D
Depuis 1858, l'Eglise n'a reconnu que 70 miracles, imputés à une visite à Lourdes. Europe 1 vous explique le processus.

160 ans après la guérison de Catherine Latapie à Lourdes, premier miracle répertorié, l’Eglise a reconnu dimanche le 70e miracle de Lourdes. Une guérison définie comme "soudaine, durable, et inexpliquée" de sœur Bernadette Moriau. Une guérison ancienne aussi, datant de 2008, mais qui a été longuement étudiée. La religieuse, à l’époque âgée de 69 ans, participait au pèlerinage de Lourdes. Elle ressentait, depuis ses 27 ans, des douleurs lombaires qui l’empêchaient d’exercer comme infirmière et de marcher normalement. Quelques jours après son passage dans la cité mariale, elle arrêtait tout traitement. Dix ans plus tard, la voici officiellement "miraculée". Nous avons retracé ce temps nécessaire à la reconnaissance d'un miracle, une réelle procédure.

Une longue procédure. Si le terme de procédure est employé, c'est notamment parce que la reconnaissance ou non d'un miracle se fait après un jugement. Le malade qui se dit guéri doit tout d'abord se rendre au Bureau des constatons médicales de Lourdes où un médecin enregistre la déclaration, explique le site lourdes-France.org. Le médecin pose également plusieurs questions types, comme : "s’agissait-il d’une maladie ou d’un handicap sérieux ?" ; "la guérison semble-t-elle effective ?" ;  "le fait est-il exceptionnel ?" ;  "quel est l’état psychologique de la personne ?".

Si le médecin juge qu’il peut poursuivre l’enquête, il va alors demander au patient de réunir un maximum de pièces pour étayer son diagnostic, notamment des examens antérieurs à la guérison. Une phase qui peut durer plusieurs années. Par ailleurs, le médecin devra revoir le patient un an après son premier examen, pour vérifier le caractère permanent de la guérison.

Les médecins de Lourdes réunis. Si un dossier tangible a pu être établi et que la personne qui se dit guérie revient à Lourdes, le médecin peut réunir des médecins de la ville, quelles que soient leurs convictions personnelles. Établis en bureau (anciennement bureau des constatations médicales), les praticiens sont invités à discuter et à interroger la personne concernée.

Comité médical international de Lourdes. En cas de guérison effectivement constatée par le bureau, le dossier est ensuite transmis au Comité médical international de Lourdes (CMIL) lors de sa réunion annuelle. Le comité nomme alors un membre référent chargé d’approfondir encore davantage le dossier en se documentant ou en faisant appel à des confrères.

Les critères de Lambertini. Le CMIL rend un jugement, en recherchant sept critères, appelés critères de Lambertini (maladie grave, maladie connue, maladie organique et non psychique, pas de traitement venant interférer avec la guérison, guérison soudaine, pas d’affaiblissement des symptômes mais guérison totale et enfin guérison durable). Le comité peut simplement confirmer un changement d'état de santé ou aller jusqu’à "certifier" un mode de guérison inexpliqué. Cette approbation doit venir au moins des deux tiers des membres du comité.

L’évêque du diocèse de la personne guérie peut alors décider de la reconnaissance publique par l’Eglise, en se fondant sur les conclusions de la CMIL et la consultation de personnes de son diocèse. C’est ce qu’a fait dimanche l’évêque de Beauvais, Monseigneur  Jacques Benoit-Gonni, reconnaissant "la valeur de signe divin" de la guérison de Bernadette Moriau. Cette reconnaissance peut avoir plusieurs degrés, le plus fort étant celui de miracle, une rareté seulement déclarée 70 fois malgré plus de 7.000 demandes depuis 1858.