Un directeur d'hôpital impose aux ouvriers des chantiers de parler français

Les ouvriers des chantiers de l'hôpital de Confolens devront impérativement parler français.
Les ouvriers des chantiers de l'hôpital de Confolens devront impérativement parler français. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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A.H. avec François Coulon , modifié à
Le directeur de l'hôpital de Confolens, en Charente, a décidé d'exiger des ouvriers qui travaillent sur ses chantiers de parler français.

Comment lutter contre les travailleurs détachés sans se rendre coupable de discrimination, passible de prison et d'amende ? Le directeur de l'hôpital de Confolens a trouvé le stratagème : il exige que les salariés travaillant sur ses chantiers parlent et comprennent le français.

Le coût d'un interprète. "Sil doit y avoir des Polonais, je leur demande de travailler de manière sécurisée en parlant français", a déclaré Vincent You, le directeur de l'hôpital, au micro d'Europe 1. "Si ce n'est pas le cas, l'effet d'aubaine pour l'entreprise qui l'embauche va disparaître puisqu'elle devra prendre un interprète", a-t-il souligné. Vincent You entend ainsi dissuader les entreprises du bâtiment en notant le coût d'une telle embauche. "Autant aller chercher quelqu'un qui soit directement francophone, et pourquoi pas, quelqu'un qui habite par ici". En invoquant l'argument de la sécurité, le directeur de l'hôpital se dit "convaincu" de la légalité de sa démarche.

Les entreprises locales ravies. De leurs côtés, les professionnels locaux du bâtiment applaudissent à tout rompre. "Quand vous avez des chantiers en réhabilitation de tours HLM, la main d'oeuvre c'est 70% de votre déboursé. Et quand des concurrents font appel à ces gens-là, je ne chope pas de marché", s'agace David Sutre, directeur de l'entreprise Sagefi, en Charente. En embauchant un interprète, ce professionnel est persuadé que ces entreprises "seront au même niveau de prix" que lui, "même peut-être supérieur". L'entrepreneur voit dans la décision du directeur de l'hôpital de Confolens la "revanche" qu'il attendait depuis longtemps. L'an passé, 213 travailleurs détachés ont été déclarés en Charente, un chiffre qui risque d'être largement revu à la baisse.