Un CRS condamné à 11 ans de prison pour viols, agressions sexuelles et corruption

Le CRS a en outre été condamné à un suivi socio-judiciaire de cinq ans et à une injonction de soins.
Le CRS a en outre été condamné à un suivi socio-judiciaire de cinq ans et à une injonction de soins. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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avec AFP , modifié à
Le CRS de 37 ans était jugé pour avoir proposé à dix femmes, entre 2010 et 2013, des faveurs sexuelles en échange de l'annulation de leurs contraventions.

Il demandait des faveurs sexuelles à des femmes automobilistes contre la promesse de ne pas les verbaliser : un CRS a été condamné vendredi à Versailles à onze ans de réclusion criminelle pour viols, agressions sexuelles, corruption et exhibition. Après six heures de délibérations, la cour d'assises des Yvelines a jugé Teddy Aristangele coupable d'avoir proposé des relations sexuelles à dix femmes contre l'annulation de leurs procès verbaux, d'avoir violé l'une d'elles à deux reprises, agressé sexuellement celle-ci et quatre autres, et de s'être exhibé devant l'une. Le policier de 37 ans, aujourd'hui révoqué, est en outre condamné à un suivi socio-judiciaire de cinq ans et à une injonction de soins, ainsi qu'à une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique. "Nous étudions l'éventualité d'un appel", a réagi son avocat, Me Laurent Barone.

"Un prédateur sexuel", "un pervers". Jugé depuis lundi, l'ancien CRS d'une compagnie autoroutière d’Île-de-France, écroué depuis trois ans, avait reconnu toutes les accusations, sauf la plus grave : avoir violé une jeune femme à deux reprises. Mais la cour a jugé les déclarations de cette femme, "constantes et circonstanciées", "très crédibles". L'accusé a "dévoyé l'uniforme dont il était si fier", il s'est comporté comme "un prédateur sexuel", "un pervers", avait lancé dans la matinée l'avocat général Philippe Ferlet en demandant une peine de 15 ans.

"Un mode opératoire bien rôdé". "Fort du port de l'uniforme, il agit avec un réel sentiment d'impunité", a déclaré le représentant de l'accusation, avant de décrire un "mode opératoire bien rôdé" : d'abord un contrôle routier, la plupart du temps devant le "Pacha Club", une boîte de nuit des Yvelines, "son vivier de jeunes femmes alcoolisées". Ensuite, une menace de verbalisation suivie d'une promesse d'indulgence "pour se présenter sous un bon jour" et "resserrer son étau", demander des faveurs sexuelles à ces femmes et, dans certains cas, les agresser.

Irrésistible" en uniforme. L'accusé a raconté qu'il ciblait des automobilistes "jolies" et "vulnérables" : l'une se trouvait seule avec ses enfants, les autres "avaient consommé de l'alcool, elles étaient en faute, je me servais de ce prétexte". Ce petit homme à la voix fluette a opposé le "manque de sexe à la maison" à son allure "irrésistible" en uniforme : "Je me disais: 'Je peux faire ce que je veux'". "Son vrai plaisir n'est pas dans l'agression, il est d'avoir du pouvoir sur ces jolies filles", a plaidé Me Laurent Barone, son avocat. "Il est lourd, mais il s'arrête de lui-même", "il n'a aucune conscience du mal qu'il fait".

Suspendu entre 2012 et 2013. Plusieurs femmes ont relaté à la barre leur rencontre avec lui. L'une a décrit des caresses "jusqu'à l'aine". "Il s'est masturbé avec ma main", a raconté une autre. Une troisième a cru qu'elle n'allait "pas s'en sortir". Passées la sidération et la honte, plusieurs ont eu peur de ne pas être crues et renoncé à porter plainte. Certaines souffrent encore aujourd'hui d'angoisses ou de blocages sexuels. Après la plainte d'une victime en 2011, le policier, jusque-là très bien noté, avait été suspendu pendant neuf mois entre 2012 et 2013 et écopé d'un rappel à la loi.

La police "ne l'a pas assez surveillé". Redevenu CRS en exercice, ce père de deux jeunes enfants avait récidivé auprès de plusieurs femmes en 2013. La plainte pour exhibition sexuelle de l'une d'entre elles avait déclenché l'enquête qui a permis d'identifier dix victimes depuis 2010. "Il y a pour moi une faute" de la police, qui ne l'a pas assez surveillé, a estimé son avocat. L'avocat général, pointant les conditions de travail difficiles des policiers, a estimé au contraire que "ce n'est pas ici le procès de l'institution policière". "Je tiens à présenter mes excuses aux victimes que j'ai choquées par mon comportement", a déclaré l'accusé à la fin des débats.