Un boulanger gagne sa bataille contre Facebook : "Maintenant, ça leur tombe sur le nez"

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© LOIC VENANCE / AFP
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Mélanie Nunes, édité par R.Da. , modifié à
La justice a contraint mardi le géant américain à lever le voile sur les données d'un utilisateur qui a usurpé l'identité d'un boulanger du Puy-de Dôme.

Sa victoire rappelle le combat de David contre Goliath, mais transposé à l'heure du numérique. Facebook a été condamné mardi à aider un boulanger victime d'une usurpation d'identité sur le célèbre site internet. Une première.

Philippe Seramy, 53 ans, boulanger à Bourg-Lastic, petit village d'à peine 900 habitants dans le Puy-de-Dôme, s'était rendu compte en mai 2017 que quelqu'un avait créé à son nom une fausse page Facebook, apparemment dans le but de nuire à son commerce. Des photos de la soi-disant insalubrité de sa boulangerie y étaient postées, ce qui l'avait décidé à porter plainte. "Cette page présentait des photos ignobles d'insalubrité, prétendument des locaux de la boulangerie. Son auteur s'amusait en plus à y mettre de petits commentaires sarcastiques (...). Bourg-Lastic a deux boulangeries, 800 habitants; c'était en plus potentiellement un préjudice commercial conséquent", a expliqué Me Léna Borie-Belcour, l'avocate du plaignant. Le tribunal de Clermont-Ferrand a finalement donné raison au boulanger, en condamnant le géant américain à livrer dans les 72 heures les données de l'utilisateur du réseau qui a usurpé l'identité de l'artisan.

Trouver le responsable. "Facebook est surtout condamnés pour ne pas avoir réagi à temps. Ils ont tellement laissé traîner que maintenant, ça leur tombe sur le nez. La prochaine étape, c’est d’amener devant la justice le responsable de tout ça pour qu’il réponde de ses actes, qu’il arrête son cirque et qu’il paie les pots cassés, parce que moi je les ai suffisamment payés", a commenté Philippe Seramy auprès d'Europe 1, après l'annonce du verdict. "On aura peut-être enfin une enquête sérieuse", se félicite le commerçant.

Des emplois mis en danger. Facebook doit également verser 2.000 euros pour les dommages et intérêts et 2.500 euros pour les frais de procédure. "C’est un problème moral, mais aussi financier parce qu’on a perdu des clients. On est une toute petite affaire : ça met aussi en péril les emplois salariés de l’entreprise", déplore l'artisan qui a fait les frais de cette mauvaise publicité. "Quand on veut détruire une entreprise alimentaire, on dit que c’est pourri. Moi, je suis contrôlé tous les trimestres par le laboratoire départemental vétérinaire, comme le veut la réglementation. Je n’ai rien à me reprocher", assure-t-il.