Un bébé mort, l'autre disparu : la mère condamnée en appel à 20 ans de réclusion

La mère a été condamnée à 20 ans de prison.
La mère a été condamnée à 20 ans de prison. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP
Une mère de 47 ans a été condamnée à 20 ans de prison mercredi après avoir reconnu le meurtre de deux de ses enfants.

Pierre avait disparu quelques jours après sa naissance, Marie avait été retrouvée dans un sac poubelle. La mère de ces bébés a été condamnée en appel à 20 ans de réclusion criminelle, mercredi, aux assises à Nanterre. Magali Verdu, 47 ans, écope d'une peine égale à celle prononcée contre elle en première instance. Suivant l'avis de l'accusation, qui estimait que le discernement de l'accusée n'était pas altéré aux moment des faits, la cour a refusé d'atténuer sa responsabilité pénale. Magali Verdu "est en quelque sorte un serial killer, une personne qui a commis au moins deux meurtres", avait lancé mercredi matin l'avocat général Benoît Meslin. "Il ne s'agit pas d'un déni de grossesse, elle n'a pas été surprise" par les naissances, avait-il asséné, "nous sommes dans le plus profond de l'horreur".

Un nouveau-né retrouvé mort asphyxié. L'affaire remonte à 2013. L'hôpital où Magali Verdu avait été admise, souffrante, prétendant avoir accouché la veille d'un enfant mort-né, avait alerté les enquêteurs. Ceux-ci avaient retrouvé, chez elle à La Queue-lez-Yvelines, un bébé enfermé dans un double sac poubelle. Vivant à la naissance, le nourrisson, prénommée Marie, est mort asphyxié. L'un des amants de l'accusée, seule partie civile au procès, a reconnu l'enfant. Les enquêteurs avaient ensuite découvert que cette assistante de direction, mère de deux fils majeurs qui refusent aujourd'hui tout contact avec elle, avait mis au monde fin 2005 un autre bébé, Pierre, déclaré à l'état-civil, dont la trace s'est perdue quatre jours après sa naissance. Sa dépouille n'a jamais été retrouvée.

Une mère "mythomane". À l'audience, l'accusée a reconnu avoir tué les deux nourrissons, affirmant ne se souvenir de rien s'agissant de Pierre, invoquant le manque de soins pour Marie qu'elle dit avoir crue mort-née. Décrite comme mythomane, elle racontait à ses amants et à ses proches qu'elle ne pouvait plus avoir d'enfants et qu'elle prenait un traitement hormonal qui la faisait momentanément grossir. Des témoins ont fait état de plusieurs épisodes de prise et perte de poids entre les naissances de Pierre et Marie. Il y a "dénégation de grossesse, 'Je sais que je suis enceinte, mais je ne veux pas l'admettre'", "c'est un trouble", avait plaidé l'un de ses avocats, Me Laure Berrebi, en demandant une atténuation de sa responsabilité pénale.

Ligaturation des trompes. Magali Verdu "ne prémédite pas", avait-elle ajouté. Et "elle s'est fait ligaturer les trompes", "rassurez-vous, elle ne recommencera pas". Son confrère Marc Montagnier s'était lui attaché à décrire une "cassure" dans la vie de l'accusée en 2004, lorsque son compagnon qu'elle disait violent, père de ses deux fils, est décédé d'une crise cardiaque dans leur lit, "cassure qui a permis aux troubles mentaux de Magali Verdu de s'exprimer de façon atroce". L'accusée, qui avait conclu en demandant "pardon à tout le monde", est restée immobile à l'énoncé du verdict. "Nous ne comprenons pas cette décision : tous les experts ont fait état d'une altération légère du discernement", ont commenté ses avocats en annonçant un pourvoi en cassation.