Un an après #MeToo, Sandrine Rousseau rappelle que "beaucoup de femmes se taisent encore"

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Anaïs Huet , modifié à
Sandrine Rousseau, ancienne porte-parole d'EELV et fondatrice de l'association "Parler", considère qu'il reste encore beaucoup à faire pour que la parole des femmes victimes de violences sexuelles soit "entendue et respectée".
INTERVIEW

"Les choses ont sensiblement changé". Invitée de Nikos Aliagas mardi matin, sur Europe 1, Sandrine Rousseau est revenue sur la première année du mouvement #MeToo dont on fête le premier anniversaire cette semaine. "Les hashtags #MeToo et #BalanceTonPorc, et toutes les affaires qui ont suivi, ont permis de poser la question dans plein de foyers qui ne se la posaient pas. Il n'y avait pas d'interrogations autour de ce fléau", souligne l'ancienne porte-parole d'EELV, qui a fondé l'association "Parler".

Certes, le mouvement a permis de libérer la parole des femmes victimes d'agressions. "Mais encore beaucoup se taisent, ont peur. Je rencontre des femmes à l'association qui parlent pour la première fois. Depuis des dizaines d'années, elles cachaient un viol familial, par exemple", indique-t-elle.

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Condamner les agresseurs. Le mouvement, international et massif, a permis aux gouvernements de réfléchir à des mesures pour mieux protéger les femmes, et punir leurs agresseurs. Encore faut-il que cela soit appliqué, insiste Sandrine Rousseau, qui, en mai 2016, avait accusé avec d'autres élues d'EELV le député Denis Baupin de harcèlement sexuel. 

"L'urgence en France, c'est d'avancer sur la justice, pour qu'elle prenne beaucoup mieux en considération les violences sexuelles. Aujourd'hui, on est dans un déni de droit", considère-t-elle. "Les hommes qui se comportent comme ça, qui sont une infime minorité, sont des délinquants, voire des criminels quand il s'agit de viol. Ces hommes-là doivent être condamnés." 

Europe 1 se mobilise. À l'occasion du premier anniversaire du mouvement #MeToo, la rédaction d'Europe 1 se mobilise toute la semaine

"Une suspicion incompréhensible" contre les femmes. Le regard sur les dénonciations de violences sexuelles doit aussi changer. Car si la parole s'est "libérée", elle n'est pas toujours justement "entendue et respectée". "Il y a quelque chose de très particulier quand on parle de violences sexuelles, c'est qu'on s'interroge tout de suite sur la véracité de ce que disent les femmes. Quand on vous vole une voiture ou un sac à main dans la rue, personne ne met en doute le fait que ce soit vous qui soyez à l'origine de cela, même si vous portiez des talons. Personne ne vous dit : 'Mais pourquoi tu as mis des talons ?'", dénonce Sandrine Rousseau. "Dans les violences sexuelles, les projecteurs se braquent immédiatement sur les femmes, avec une suspicion totalement incompréhensible."