Un ami de Théo affirme avoir été violenté par les mêmes policiers

Mohamed dit avoir reçu des coups de pied et de poing lors d'une interpellation (photo d'illustration).
Mohamed dit avoir reçu des coups de pied et de poing lors d'une interpellation (photo d'illustration). © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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M.L , modifié à
Une semaine avant la violente interpellation de Théo à Aulnay-sous-Bois, Mohamed s'est vu prescrire cinq jours d'ITT après un contrôle de police. L'IGPN a été saisie. 

Dix jours après l'interpellation de Théo, qui accuse un policier de l'avoir violé avec une matraque à Aulnay-sous-Bois, les langues continuent de se délier. Après Alexandre, qui a vécu une histoire similaire à Drancy, en 2015, un autre jeune homme s'est confié à l'Obs, qui publie son témoignage, mardi. Mohamed, 22 ans, est un ami de Théo. Une semaine avant lui, il a été passé à tabac lors d'un contrôle de police effectué, selon lui, par les mêmes agents.

"Le même que celui qui a pénétré Théo". D'après l'Obs, les faits remontent au 26 janvier. Rentré du travail, Mohamed était en route pour la boulangerie. "Et je vois, sur mon chemin, deux policiers", raconte-t-il au magazine. "Ils me disent 'viens là, toi aussi, on va te fouiller'". Le jeune homme affirme avoir été conduit dans le hall d'un immeuble, où un troisième policier a rejoint ses collègues. "C'est le même que celui qui a pénétré Théo avec sa matraque, tout le monde l'appelle 'Barbe Rousse'", relate-t-il.

Mohamed évoque ensuite "des croche-pattes", puis des coups de pied et de poing sur tout le corps, y compris le visage. "Je saigne parce qu'ils m'ouvrent le crâne, je leur dis que je suis essoufflé, ils me traitent de 'sale noir', de 'salope', ils me crachent dessus", détaille-t-il. Selon lui, l'agression aurait duré de 30 à 40 minutes. Des photos confiées à l'Obs montrent son visage tuméfié.

5 jours d'incapacité totale de travail. Dans la voiture qui l'a conduit au commissariat, le jeune homme dit avoir été frappé à nouveau "jusqu'à ce qu'[il] finisse au sol". Placé en garde à vue pour "outrage et rébellion", il a ensuite été conduit au service médico-judiciaire d'un hôpital de Bondy, près d'Aulnay-sous-Bois. Un médecin l'a soigné et lui a prescrit 5 jours d'incapacité totale de travail (ITT). Le certificat médical, rendu public par l'Obs, fait état de multiples hématomes et tuméfactions. Malgré cela, la garde à vue de Mohamed a duré 24 heures.

Depuis, les policiers à l'origine de l'interpellation ont porté plainte contre le jeune homme : au cours du contrôle, l'un d'entre eux s'est tordu le petit doigt, précise l'Obs. Mohamed affirme avoir seulement tenté de se débattre lorsqu'ils le frappaient. Dans un premier temps, il avait décidé de ne pas porter plainte, pour ne pas "risquer de perdre" son travail. Mais après l'agression de Théo, il a changé d'avis et confié son dossier au même avocat que son ami, Eric Dupond-Moretti.

"Ce sont des accusations graves portées sur le même fonctionnaire, qui méritent que l'on fasse évidemment toute la lumière. Immédiatement informé, le ministre a saisi l'IGPN (inspection générale de la police nationale, ndlr)", a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, mardi. 

À Aulnay-sous-Bois, un commissaire au passé trouble

Une autre révélation liée à l'affaire Théo pourrait bien faire grand bruit : d'après l'Humanité, le commissaire divisionnaire d'Aulnay-sous-Bois, auquel est rattaché la brigade de sécurité de terrain (BST) mise en cause, a déjà été condamné dans une affaire de violences policières. En 2004, alors qu'il était chef adjoint de la brigade anticriminalité de nuit à Paris, l'homme aurait assisté à l'interpellation musclée d'un chauffard. "Tabassé", l'individu a fini "sur le goudron, pantalon et slip baissés, un cerceau d'enjoliveur entre les fesses", selon le quotidien. Sept jours d'ITT lui ont été prescrits mais les images de l'interpellation, filmée, ont été détruites.

Dans cette affaire, un gardien de la paix et un capitaine ont été respectivement condamnés à un an et dix-huit mois de prison avec sursis, en 2008. Devant le tribunal, le commissaire a évoqué une interpellation dans un contexte d'"extrême agitation". Reconnu coupable d'"abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit", il a été condamné à un an de prison avec sursis et un an d'interdiction d'exercice professionnel.