Trois gestes accessibles à tous pour aider à sauver les abeilles

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La mortalité des abeilles a atteint jusqu'à 50 à 80% des effectifs l'hiver dernier, selon l'Unaf, de quoi alerter sérieusement les apiculteurs. © FRED TANNEAU / AFP
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Face à l'extinction des abeilles, chacun peut agir en plantant des fleurs ou bien en parrainant des ruches par exemple.

Les populations d'abeilles se portent mal dans le monde. Et la France n'échappe pas à cette comptabilité macabre. Selon l'Unaf (union nationale de l'apiculture française), la "mortalité de l'hiver dernier a été catastrophique" : ses taux sont montés jusqu'à 50, voir 80%. La disparition des abeilles, qui ont un rôle fondamental pour la pollinisation et donc indirectement pour les cultures et notre alimentation, aurait pourtant des conséquences néfastes pour les êtres humains. Les initiatives ne manquent pas pour enrayer cette chute des effectifs. Lundi, à l'initiative de l'ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg, la marque "Bleu Blanc Ruche", est lancée pour relancer la filière apicole en favorisant le repeuplement des campagnes par les abeilles. Basée sur un financement participatif via la plateforme Ulule, elle propose du miel certifié français à un prix légèrement supérieur à celui du marché. En contrepartie, les apiculteurs participant à cette opération s'engagent à augmenter leur cheptel. Mais nul besoin d'être une personnalité politique pour agir. Europe 1 vous propose trois actions simples qui peuvent vous permettre de lutter contre cette extinction.

 

Manger du miel

La meilleure manière de préserver les populations d'abeilles est tout simplement de manger du miel. En dégustant régulièrement leur nectar, vous financez en effet les apiculteurs et leur permettez d'entretenir la biodiversité des campagnes. Indirectement, c'est aussi encourager le butinage des petites ouvrières jaunes et donc participer à la grande opération de la pollinisation. Sachez que pour un kilo de miel fabriqué, un million de fleurs sont butinés.

Mais s'il faut en consommer, mieux vaut le faire intelligemment. Il est ainsi conseillé de privilégier la production française. Dans l'Hexagone, la mise en pot du miel est réglementée : pas d'additifs, pas de sirop ni de conservateurs. Or, à l'étranger, la réglementation est parfois moins stricte. Ainsi, dans les rayons des supermarchés français, sur 20 miels testés par l'UFC-Que choisir en 2014, six présentaient du sirop de sucre. Une étude de 2013 de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et une autre de l'Union européenne réalisée en 2015 parvenaient à des résultats similaires. Dans leurs viseurs, le miel en provenance de Chine, premier exportateur au monde et celui aussi qui propose les prix les plus bas. Il est donc recommandé de lire attentivement les étiquettes et d'écarter d'emblée ceux qui comportent la mention "mélange de miels originaires de l'UE et hors UE".

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Enfin, si vous n'avez toujours pas envie d'acheter du miel, sachez qu'il vous veut du bien. Pauvre en graisses et riche en antioxydants, il a en effet des qualités nutritionnelles supérieures au sucre blanc. Il a aussi un pouvoir sucrant supérieur tout en étant moins calorique : 300 calories pour 100 grammes (contre 400 calories côté sucre blanc).

Planter des fleurs

Vous avez un jardin ou un balcon ? Enfilez vos gants de jardinage. Car pour participer à la grande entreprise de pollinisation, il faut proposer aux abeilles du… pollen. Et pour être assuré de leur plaire, mieux vaut planter des espèces dites "mellifères". "S'intéresser aux abeilles et aux pollinisateurs amènent les gens à s'intéresser à la nature et aux fleurs", a expliqué au micro d'Europe 1 Paul Fert, apiculteur et auteur, invité vendredi chez Wendy Bouchard. Et certaines espèces sont intéressantes "en terme de production de nectar et de pollen, des aliments indispensables aux abeilles", rappelle ce spécialiste.

Ces sentinelles de l'environnement sont ainsi friandes de dahlias, de lis, de nérines mais aussi "de romarin, de lavande et de coquelicots", énumère Paul Fert. Et une fois passé l'été, plantez plutôt des crocus. Ces fleurs, qui poussent pendant l'automne, permettront aux abeilles de faire des réserves à l'orée de l'hiver. Il vaut mieux privilégier des graines bio et une culture sans pesticides ou insecticides.

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Les abeilles aiment aussi beaucoup les variétés sauvages. Si vous avez un jardin, vous pouvez éviter de tondre votre herbe trop à ras et de laisser y s'épanouir les fleurs. Pour les amoureux du gazon, il est possible de délimiter un bout de jardin pour la reconvertir en parcelle "sauvage". Cela permettra de plus d'attirer d'autres insectes, au pouvoir pollinisateur aussi, comme des bourdons ou encore des papillons.

Enfin, si les abeilles doivent se nourrir, il leur faut aussi boire. Une simple coupelle remplie d'eau leur suffit. Parsemez-la cependant de petits cailloux pour leur permettre de se poser et d'éviter la noyade. C'est "un geste simple à faire sur son balcon, sa fenêtre ou son jardin", estime Paul Fert.

Parrainer des ruches

Enfin, pour aider les 50.000 apiculteurs de France face à la perte accrue de leurs cheptels d'abeille, il est possible de parrainer des ruches. "Un toit pour les abeilles" propose ainsi en quelques clics de financer des abeilles avec des tarifs adaptés aux bourses de chacun. "On propose aux particuliers et aux entreprises de parrainer les ruches d'une cinquantaine d'apiculteurs en France", a expliqué Régis Lippinois, sont président, invité sur Europe 1 vendredi. L'objectif est double : "préserver l'abeille" et "aider les apiculteurs". Cet argent est réparti entre 5.000 ruches, éparpillées sur tout l'Hexagone.

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Contre un versement mensuel allant de 8 à 25 euros, le parrain reçoit chez lui une fois par an des pots de miel personnalisés et peut même visiter le rucher qu'il parraine. Et pour pousser la logique de la sauvegarde des abeilles jusqu'au bout, "Un toit pour les abeilles" propose aussi de financer l'ensemencement de champs de fleurs.

Si vous voulez privilégier une aide ponctuelle, les cagnottes en ligne (notamment Ulule ou Leetchi) proposant de parrainer des ruches ou d'aider des apiculteurs qui souhaitent agrandir leur cheptel sont nombreuses.