Travail d’intérêt général : des geeks à la rescousse de la Justice

Dans les locaux de la start up Onepoint, à qui a été confiée la mission.
Dans les locaux de la start up Onepoint, à qui a été confiée la mission. © Salomé Legrand
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Salomé Legrand, édité par B.B , modifié à
Vendredi et samedi, une centaine de participants devront proposer des solutions numériques. Objectif : valoriser les travaux d'intérêt général, une alternative à l'incarcération.

Ce week-end, une centaine d’étudiants, développeurs informatiques et start-up vont plancher sur les Travaux d’Intérêt Général (TIG). 48h non-stop d’échanges et de travaux numériques pour moderniser cette peine trop peu utilisée par les magistrats. Le Premier ministre et la garde des Sceaux Nicole Belloubet ont tenté un complet changement de culture en confiant la mission à une start-up. Europe 1 a pu assister au premier « brainstorming », loin du ministère.

"Lâchez-vous ! Soyez créatifs !". Il y a d’abord eu comme un flottement quand l’animateur - "appelez-moi Julien" - les a encouragés : "Lâchez-vous ! Soyez créatifs !". Procureurs, juges, responsables des services d’insertion  ou représentants d’entreprises… toute la chaîne du Travail d’intérêt général est déboussolée dans un grand open-space, entre gros poufs colorés, chaises de bar et bocaux de bonbons.

"Pour le prévenu, c’est délicat". Mais une demi-heure plus tard, les murs sont couverts de post-it : roses pour les blocages, jaunes pour les solutions. Le début d’un chantier pour Sophie Barbaud, première vice-présidente du tribunal de Bobigny : "nous ne savons pas forcément combien nous avons de postes, s’ils sont disponibles, à quels endroits ils sont, comment ils seront encadrés. Et même pour le prévenu, c’est délicat, parce que lui, à partir du moment où il accepte ce Travail d’intérêt général, il nous demande, dans l’immédiateté, comment ça va se passer. Et nous sommes incapables de lui répondre, ce qui est une vraie difficulté".

D’une plateforme numérique aux contours d’une Agence nationale du TIJ, les groupes de travail  ont envisagé tous les outils qui pourraient les aider… Au tour des citoyens, développeurs, étudiants de les concrétiser… Ils ont 48h.

C’est quoi, un travail d’intérêt général ?

Lancé en 1984, le TIG est une peine alternative à l'incarcération qui consiste en un travail non rémunéré au sein d'une association, d'une collectivité ou d'un établissement publics (commune, hôpital...), pour une durée maximale de 280 heures pour une peine correctionnelle. Il s'adresse à tout justiciable, passible de contravention ou de délits, à partir de 16 ans.

"Cela fait trop longtemps que le TIG existe sans décoller. Seules 7% des condamnations à une peine de prison (sur quelque 550 000 condamnations pour des délits en 2016) correspondent à du TIG", relève le député LREM Didier Paris, chargé avec le président de Onepoint d'une mission de réflexion pour la création de l'Agence des TIG.

"Le TIG, explique-t-il, c'est d'abord une sanction, une mesure de protection de la société, mais aussi la possibilité de s'amender pour une personne. Ce doit être pour un jeune un électrochoc pour aller mieux, sortir de la délinquance et repartir".