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A.H.
Dans un rapport vieux de presque 20 ans, des scientifiques démontraient que l'exposition au diesel augmentait le risque de développer un cancer du poumon. L'un d'eux était l'invité d'Europe 1 mercredi matin.
INTERVIEW

En 1997, une étude scientifique française démontrait le lien entre les fumées dégagées par les véhicules diesel et le cancer du poumon. Jamais publié, il est tombé aux oubliettes. Sur Europe 1 mercredi midi, l'un des scientifiques à l'origine du rapport s'est dit "surpris" de voir resurgir son travail, presque 20 ans après. "Moi-même, je l’avais pratiquement oublié dans les innombrables rapports que nous faisons et qui disparaissent parce qu’ils ne sont pas compris, ou qu'ils ne sont pas opportuns", a-t-il confié.

Une perte de temps. "Il y a 20 ans, il y avait des présomptions fortes" sur la toxicité du diesel pour la santé humaine. Pour le chercheur, "on a certainement perdu du temps" pour limiter, voire interdire, la vente de véhicules qui roulent au diesel. Finalement, en 2013 - soit 15 ans après l'écriture du rapport - le diesel a été déclaré "cancérigène certain" par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). "Ce qu'on aurait pu faire à l'époque, c'est diligenter un certain nombre de recherches pour permettre de répondre à cette question de manière plus précise. Le CNRS ou le ministère de la Recherche en avaient les moyens", a-t-il regretté. 

Une prudence du CNRS. Si son rapport a été enterré à l'époque, ce n'est pas le fait de lobbys, a-t-il affirmé. "C'est plutôt une attitude de prudence du CNRS face à un rapport dont les démonstrations formelles n’étaient pas suffisamment faites", a concédé le scientifique. "Avant de publier un rapport qui aurait pu être explosif, on fait attention et on s’assure de la crédibilité des informations".