Thierry Marx sur la formation professionnelle : "Il faut faire pour apprendre"

Thierry Marx
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Ugo Pascolo , modifié à
Alors que la ministre du Travail Muriel Pénicaud doit dévoiler, lundi, les grandes lignes de sa réforme sur la formation professionnelle, Thierry Marx explique comment se déroule la formation aux métiers de la restauration qu'il a mise en place : "Cuisine mode d'emploi(s)".
INTERVIEW

"Faire pour apprendre". C'est une petite phrase qui prend des allures de ritournelles dans la bouche de Thierry Marx. Le chef étoilé a expliqué au micro d'Europe matin les méthodes utilisées lors de sa formation professionnelle "Cuisine mode d'emploi(s)", qui a déjà formé 1.500 personnes rien qu'en Ile-de-France. 

90 recettes en trois mois. 1.500 élèves en Ile-de-France, 95% de retour à l'emploi et 11 créations d'entreprise. Voilà les résultats de la formation professionnelle gratuite et sociale fondée par le chef Thierry Marx, destinée aux personnes en grande difficulté. "C'est une formation en trois mois, on y apprend les gestes de base de la cuisine, la cuisson et le temps. On a 80 gestes de base et 90 recettes du patrimoine culturel français. Et vous retournez à l'emploi avec un statut de commis de cuisine", détaille-t-il.

Trois principes pour réussir. "Il faut qu'un maximum de personnes aient leur chance. On s'est donc mis d'accord avec les candidats sur trois principes : rigueur, engagement et régularité", explique Thierry Marx. "La rigueur, c'est le projet, l'engagement, c'est regarder devant soi, et la régularité, c'est d'être là à l'heure : pas d'absence, pas de retard. Ça permet de faire la formation dans de bonnes conditions", détaille-t-il. 

Un métier, mais surtout un projet. Au-delà de l'apprentissage d'un métier, "Cuisine mode d'emploi(s)", c'est aussi l'apprentissage d'une conduite de vie. "On a des personnes éloignées de l'emploi, parfois même très éloignées avec des accidents de vie", précise Thierry Marx. Paradoxalement, l'apprentissage du métier, n'est pas l'essentiel lors de cette formation : "Il faut construire le plus important, le projet. Le diplôme est la conséquence du projet, mais c'est surtout le projet qu'il faut mettre en lumière, c'est ce qui fait que ça va réussir", explique-t-il. 

Trancher avec les habitudes. "Certaines fois, les formations n'avaient pas de sens : on asseyait les gens six heures devant un pupitre et ça n'aboutissait pas à un retour à l'emploi", raconte-t-il. La philosophie du chef étoilé est assez simple : "faire pour apprendre, lâcher la main du passé et regarder devant soi". Un leitmotiv qui semble porter ses fruits dans la formation "Cuisine mode d'emploi(s)", et qui pourra peut-être à l'avenir voir le jour dans d'autres secteurs, "beaucoup d'autres secteurs viennent nous voir pour savoir comment on a fait : il faut monter un programme pédagogique, regarder où sont les freins, lesquels on peut lever, et puis on avance et on trouve des solutions". Avant de prophétiser, "la formation professionnelle va être un énorme besoin pour la société qui arrive".