frank berton 1280 Daniel SORABJI / AFP 1:20
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Anaïs Cordoba, à Londres, avec A.H.
L'avocat des parents de Sophie Lionnet, jeune fille au pair assassinée en septembre 2017 à Londres, s'indigne contre la justice anglaise qui n'entendra pas le témoignage de ses clients.
INTERVIEW

Le procès de Ouissem Medouni et Sabrina Kouider, un couple de Français accusés d'avoir tué Sophie Lionnet, se poursuit mardi devant la cour criminelle d'Old Bailey à Londres. Le corps de cette jeune fille au pair française avait été retrouvé calciné, dans le jardin de ses employeurs, en septembre 2017, dans la capitale anglaise. 

Des messages alarmants envoyés à sa mère. Mardi, la cour a poursuivi la lecture de l'acte d'accusation, qui montre à quel point la jeune femme de 21 ans a vécu l'enfer. Sophie Lionnet aurait été maltraitée, sous-alimentée et cible d'accusations en tout genre pendant des mois. Dans des messages envoyés à sa mère via Facebook, Sophie Lionnet exprimait dès août 2016 (soit seulement huit mois après son arrivée à Londres) son souhait de rentrer en France. "Si j'avais les moyens de m'acheter un billet et de prendre un taxi, je l'aurais déjà fait". À peine payée, Sophie Lionnet n'a, pendant toute cette période, jamais pu prendre de vacances ou revenir dans sa famille, tandis que ses parents, en proie à des difficultés financières, pouvaient difficilement l'aider.

Une procédure sans parties civiles. Mais la cour n'entendra pas les parents de la victime. Dans la procédure anglaise, en effet, il n'existe pas de parties civiles à proprement parler, comme en France. Ce qui provoque la colère de leur avocat, Maître Frank Berton. Interrogé par Europe 1 mardi, il dénonce : "On se rend compte que les portes de la justice anglaise nous sont fermées." Les parents de Sophie Lionnet "ne peuvent même plus apporter un témoignage sur la personnalité de leur fille, ce qu'elle représentait, pourquoi elle était venue à Londres, quels étaient les cris de détresse qu'elle avait lancés… Ces témoignages, a priori, n'intéressent plus personne", déplore le conseil.

Entendu sur europe1 :
Cette famille a des droits, et pas simplement ceux de se taire et de ne pas savoir la vérité

"On prendra la place qui est la nôtre". S'il s'interroge sur son rôle dans le procès, Me Berton se dit prêt à se battre coûte que coûte pour que la voix de cette famille éprouvée soit entendue, par quelque moyen que ce soit. "Je ne suis pas venu ici pour me promener. Je suis venu défendre une famille. Cette famille a des droits, et pas simplement ceux de se taire et de ne pas savoir la vérité", martèle l'avocat. "On prendra la place qui est la nôtre. Et même si on nous met des bâtons dans les roues, on ira jusqu'au bout pour préserver les intérêts de cette famille, et surtout la mémoire de cette gamine qui a été sauvagement assassinée."