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A.H. , modifié à
Dans son nouveau roman, la journaliste Sonia Mabrouk s'intéresse au sort à réserver aux enfants de familles françaises djihadistes parties combattre en Irak ou en Syrie.
INTERVIEW

Que faire des enfants de djihadistes français partis en zone irako-syrienne ? Dans son nouveau roman intitulé Dans son cœur sommeille la vengeance (Editions Plon), la journaliste d'Europe 1 Sonia Mabrouk pose cette question éthique, épineuse, et particulièrement actuelle. 

Des convictions ébranlées car il s'agit d'enfants. Le roman raconte l'histoire de Léna, une journaliste qui accepte une enquête brûlante sur les enfants embrigadés par l'Etat islamique. Elle rencontre Claire, devenue Hamra, une Française de 29 ans qui a épousé un djihadiste, et qui a passé cinq ans à Raqqa, l'ancien fief de Daech. "Je voulais faire une sorte de corps à corps à la fois politique, idéologique et culturel. Ce sont deux femmes, avec leurs convictions, qui vont avancer sur le fil du rasoir. Comme nous tous, même si on est sûrs de nos combats, on peut être ébranlés, on peut se poser des questions à un moment", a fortiori quand il s’agit d’enfants, décrit l'écrivaine au micro d'Europe 1. "Ce livre est fait pour réfléchir. Je ne veux pas trancher, je veux juste montrer la dualité que nous avons tous entre pragmatisme et humanisme", avance-t-elle.

Entendu sur europe1 :
Si vous acceptez que vous ne pouvez rien faire pour un enfant, vous n’avez plus confiance en l'école

Ces enfants, victimes ou menaces potentielles ? "Que ressent-on quand on voit un enfant. Premier réflexe : celui de protection vis-à-vis du symbole de l’innocence, de la pureté, de la naïveté. Mais pour ces enfants, d’autres sentiments viennent tout troubler, parce qu’ils reviennent d’une zone de guerre", souligne-t-elle. Il y a aujourd’hui 450 enfants français qui sont dans cette jungle syro-irakienne, une soixantaine sont revenus en France. Pour certains, ces enfants sont des victimes, mais d'autres s'inquiètent qu'ils deviennent de véritables bombes à retardement. "C’est une situation complètement inédite pour la France", observe la journaliste, qui office sur CNews et Europe 1. "Les magistrats, les avocats, et a fortiori les services de protection de l’enfance disent que ces enfants sont des victimes qu’il faut protéger. Et pour nos services de renseignement, qui parlent de ces enfants qui ont pu être exposés à l’idéologie djihadiste, ils sont des menaces à long terme sur notre sol européen".

"Quand on parle des djihadistes, les auditeurs qui nous écoutent vont nous dire 'laissez-les là-bas'. Mais les enfants, qu’est-ce que vous en faites ? Si vous acceptez que vous ne pouvez rien faire pour un enfant, vous n’avez plus confiance en ce qu’il y a de plus précieux dans notre pays : l’école de la République", estime Sonia Mabrouk.