Sivens : un gendarme mis en examen pour avoir blessé une militante

zad, sivens, zone à défendre 2015 crédit : PASCAL PAVANI / AFP - 1280
La militante était installée dans la "zad" de Sivens au moment des faits © PASCAL PAVANI / AFP
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avec AFP
Le gendarme mis en examen avait tiré une grenade de désencerclement dans la caravane de la victime. La jeune femme avait été grièvement blessée.

Un juge d'instruction de Toulouse a mis en examen le gendarme qui avait tiré une grenade en 2014 sur le site du barrage controversé de Sivens (Tarn), blessant grièvement une militante, peu avant la mort de Rémi Fraisse, a indiqué mercredi le parquet.

Une grenade lancée dans une caravane. Le gendarme a été mis en examen pour "violence avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique" pour avoir tiré la grenade de désencerclement, le 7 octobre 2014, a précisé le parquet. Le tir avait été effectué à l'intérieur d'une caravane où se trouvait la militante. Cette dernière avait ramassé l'engin qui avait explosé dans sa main.

"Une justice à deux vitesses". La mise en examen "arrive très tardivement, plus de deux ans après les faits", a souligné Me Claire Dujardin, l'avocate d'Elsa Moulin, la militante de 25 ans victime du tir. "Dans des affaires classiques, la personne aurait déjà été jugée, d'autant plus qu'un rapport de l'inspection générale de la gendarmerie nationale avait dit qu'il s'agissait d'une faute professionnelle grave", a-t-elle ajouté. "Nous sommes à nouveau sur une justice à deux vitesses comme pour Rémi Fraisse", le jeune écologiste de 21 ans qui avait trouvé la mort trois semaines après, également dans un tir de grenade, a-t-elle estimé. 

Une faute professionnelle grave. Le gendarme avait "clairement l'intention de jeter la grenade dans la caravane", selon l'avocate, qui rappelle que l'inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) avait évoqué une faute professionnelle grave. Le lancer de grenade qui avait touché Elsa Moulin, vu sur une vidéo qui avait fait le tour des réseaux sociaux, avait suscité une vive controverse et démontré la forte tension qui régnait sur le chantier du barrage, alors occupée par des centaines de zadistes.