Sarah H., trait d'union entre plusieurs dossiers terroristes

La jeune femme a été placée en garde à vue dans le dossier de l'attentat de Magnanville, mardi.
La jeune femme a été placée en garde à vue dans le dossier de l'attentat de Magnanville, mardi. © AFP
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M.L , modifié à
Membre du commando qui voulait attaquer Notre-Dame en septembre, la jeune femme a été placée en garde à vue dans le dossier de l'attaque de Magnanville, mardi.

Un nom reliait déjà plusieurs des attaques terroristes récemment perpétrées ou avortées sur le sol français : celui de Rachid Kassim. De juin à octobre 2016, le Roannais est soupçonné d'avoir téléguidé, depuis le territoire de l'organisation Etat islamique (EI), les actions de Français radicalisés dont la plupart n'avaient jamais mis les pieds en Irak ou en Syrie. Parmi eux figure Sarah H., Varoise de 23 ans, arrêtée en septembre aux côtés des autres membres d'un "commando", exclusivement féminin, qui entendait frapper le quartier de Notre-Dame-de-Paris au volant d'un véhicule rempli de bonbonnes de gaz. Mais l'histoire de la jeune femme, qui voulait "mourir en martyr",  ne semble pas s'arrêter là. Mardi, elle a été placée en garde à vue dans l'enquête sur l'assassinat d'un policier et de sa compagne à Magnanville, en juin 2016.

Trois projets de mariage, trois dossiers terroristes. En dressant le profil de Sarah H., fichée S pour avoir tenté de rallier la Syrie en mars 2015, les enquêteurs avaient rapidement relevé de potentielles connexions avec d'autres affaires. Au moment de son interpellation, la jeune femme était fiancée à Mohamed Lamine A., également mis en cause dans le dossier des bonbonnes de gaz. Mais auparavant, elle avait été promise successivement à Larossi Abballa, l'assaillant de Magnanville, et à Adel K., l'un des deux assassins d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray. Selon le JDD, la Varoise n'avait pour autant jamais rencontré aucun de ces trois hommes, avec qui elle n'était en contact que par internet.

Le dernier de ses fiancés, Mohamed Lamine A., fait figure de second trait d'union entre Sarah H. et le dossier de Magnanville. Son frère, Charaf-Din A., condamné aux côtés de Larossi Abballa, en 2013 dans le dossier de la filière pakistanaise, est en effet soupçonné d'avoir conservé des liens avec le terroriste. Depuis l'attaque des policiers, il est à nouveau incarcéré. Mohamed Lamine A. a, lui, été libéré en janvier dernier après quatre mois de détention provisoire. Mardi, son avocat a dénoncé un "acharnement".

Une jeune femme hésitante, surnommée "Marie-Antoinette". Dans ses procès-verbaux d'audition par les enquêteurs de la DGSI, révélés par Le Monde en octobre 2016, Sarah H. apparaît pourtant hésitante, loin de sembler être une professionnelle du djihad. Elle raconte avoir refusé d'obéir à Rachid Kassim lorsqu'il lui a recommandé d'agiter un pistolet en plastique dans un lieu public pour se "faire tirer dessus". "J'étais allée la semaine dernière à la mairie de Cogolin (son village du Var, ndlr) pour voir comment je me sentais là-bas, et je ne me suis pas sentie bien. Je suis rentrée chez moi et j'ai vomi, c'est là que j'ai dit que j'étais désolée et que je ne pourrais pas le faire."

Via la messagerie Telegram - sur laquelle le pseudo de la jeune fille était "Marie-Antoinette" -, l'instigateur l'a alors mise en contact avec ses futures complices de Notre-Dame. Après l'échec de leur attaque, les trois femmes se sont réfugiées dans un immeuble de Boussy-Saint-Antoine, dans l'Essonne. Là, Sarah H., armée d'un couteau, a attaqué un policier en planque dans une voiture banalisée, avant d'être arrêtée avec ses complices. "J'ai frappé vers l'épaule, mais je ne visais pas une zone particulière. Je ne suis pas une sadique dans ma tête", a-t-elle encore déclaré aux enquêteurs. "Déjà ça pour moi, c'est un truc de fou. (...) Je me suis vue faire ça, ça m'a fait bizarre. Le monsieur n'a pas vu venir."

"Faire partie de quelque chose". La jeune femme aux propos parfois candides peut-elle vraiment représenter un lien entre plusieurs des récents projets d'attaque sur le sol français ? "C'est une fille qui était très mal dans sa peau, très influencable", expliquait à Europe1.fr son avocat Apolin Pepiezep, en octobre. "Ce qui importait pour elle, c'était de faire partie de quelque chose." Dans les jours qui viennent, les enquêteurs devront déterminer si elle doit être mise en examen dans un deuxième dossier terroriste, celui de Magnanville.