Rythmes scolaires : et maintenant les Gilets jaunes !

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FASHION MANIF - Après les Pigeons ou les Bonnets rouges, ce mouvement de parents d'élèves manifeste, lui, contre les rythmes scolaires.

"Ces gilets symbolisent le manque de sécurité entraîné par cette réforme ", expliquait au Parisien, en septembre dernier, une maman en colère contre la réforme des rythmes scolaires. Le mouvement des "Gilets jaunes" voyait alors tout juste le jour. Aujourd'hui, leur page Facebook réunit 45.000 "j'aime". Et de nombreux parents ont appelé au boycott des écoles vendredi et à une manifestation samedi, tout de jaune vêtus, donc.

>> Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Ont-ils une chance de se faire entendre ? On vous fait les présentations.

Une rentrée ratée dans l'Essonne. À l'origine du mouvement et du vêtement : une rentrée scolaire "ratée" à Ris-Orangis, dans l'Essonne. En application de la réforme, les heures de cours par jour y ont été réduites et les enfants se sont mis à travailler le mercredi matin. Le problème, puisque les cours ont été raccourcis, c'est qu'il a fallu gérer des centaines d'élèves en plus après la classe. Pas assez d'animateurs, problèmes de surveillance, manque de qualification… "Les dysfonctionnements ont été nets. Il s'agit de gérer potentiellement 3600 élèves. C'est une révolution", reconnait alors le maire (PS), au Parisien.

Très vite, une pétition contre la réforme rassemble 500 signatures. Et certains parents se mettent à organiser des actions - manifs, tractations -, vêtus d'un gilet jaune, qui deviendra leur symbole. Le mouvement, qui se revendique indépendant de tout parti ou syndicat, s'étend alors à des dizaines de villes partout en France, notamment grâce à internet.

Gilets jaunes bandeau

© Capture d'écran Facebook

Pourquoi un gilet jaune ? Le vêtement symbolise la sécurité routière et il est connu de tous. Les parents l'ont donc choisi pour symboliser la "sécurité des enfants". "C'est notre emblème. A travers cette contestation, nous faisons de la prévention pour nos enfants", affirme Élodie Berillac, la coordinatrice du mouvement, interviewée en novembre par L'Express. "Nous avons tous un gilet jaune dans notre voiture. C'était une façon de nous faire remarquer. Nous en avons donc fait notre symbole", explique-t-elle alors. Solidaires,  les parents vont même jusqu'à s'échanger les meilleures affaires sur Facebook pour acheter leur nouvel "emblème".

Une chance de faire mouche ? Pour l'heure, pas question pour Vincent Peillon, le ministre de l'Education, de revenir sur sa réforme, qui doit se généraliser à la rentrée prochaine. Mais le mouvement commence à prendre de l'ampleur. Outre de nombreux maires (surtout de droite), leur combat commence à recevoir le soutien de plusieurs branches locales de syndicats d'enseignants, comme le Snuipp à Beauvais ou FO à Cherbourg, Nîmes ou Arles.

Mais il n'est pas sûr que cela soit suffisant. Car la réforme semble, pour l'heure, globalement bien accueillie. La réforme se déroule "sans difficulté" dans 93,5% des 3.223 communes pour lesquelles le ministère a des remontées, selon un premier bilan communiqué en novembre dernier.

Un symbole efficace ? Outre les chiffres, les "Gilets jaunes" ont-ils une chance de se faire entendre, après la multiplication des mouvements tels que les "Bonnets rouges", les "Pigeons", les "Poussins" ou autres "Abeilles" ? La jungle des mouvements sociaux n'est-elle pas surpeuplée ? "Les choses n'existent que lorsqu'elles ont un vrai nom, identifiable, avec pas plus de trois syllabes. C'est ça qui a fonctionné pour les 'pigeons'", décryptait en novembre Marcel Botton, président de l'entreprise Nomen, spécialisée dans la création de "nom" des marques, contacté par Europe1.fr. Des critères qui semblent correspondre aux "Gilets jaunes"… qui risquent toutefois aussi de manquer d'originalité.

"Les 'bonnets rouges', par exemple (agriculteurs bretons), ont été originaux. Ils se sont décalés par rapport aux autres. En plus, ils ont trouvé une manière d'afficher des signes visibles de leur mouvement. Je ne serais pas étonné de voir, à l'avenir, les 'Cravates vertes' ou les 'Chaussettes bleues'", poursuivait l'expert… qui n'avait alors pas pensé aux "Gilets jaunes".

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