Julien Damon était l'invité d'Europe 1 mardi matin.
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C.P. , modifié à
Un rapport remis lundi à Manuel Valls préconise d'abaisser l'âge d'obtention du RSA de 25 ans à 18 ans. Une façon "de calmer la jeunesse un peu encombrante", selon Julien Damon, professeur à Sciences Po Paris. 

"Il n'y a pas de minimum jeunesse". Un rapport remis lundi à Manuel Valls préconise de mieux protéger les précaires de 18-25 ans, notamment par le déploiement des minima sociaux pour les jeunes et l'abaissement de l'âge d'obtention du RSA à 18 ans. "Une bonne idée", selon Julien Damon, professeur associé à Sciences Po Paris et spécialiste des politiques familiales invité d'Europe 1 mardi matin. Il dresse en effet le constat que "les jeunes sont aujourd'hui moins protégés que les personnes qui ont un emploi ou qui sont dans la stabilité de la retraite par exemple. Et d’ailleurs, le premier minimum social développé par la France a été le minimum vieillesse en 1956 et il n’y a jamais eu de minimum jeunesse". 

"Dans les faits, c'est compliqué". Ce RSA jeunes est donc en théorie une très bonne mesure à en croire le spécialiste d'autant qu'il serait accompagné d'une simplification globale des dix minima sociaux que propose aujourd'hui le gouvernement. Mais, même si "simplifier, c’est génial comme ambition", affirme Julien Damon, "dans les faits, cela est très compliqué".

Entre un et quatre milliards d'euros par an. Surtout que le RSA jeunes coûterait très cher à l'Etat. "Si on ouvre le RSA aux jeunes à partir de 18 ans, selon les scénarios, cela coûterait entre un et quatre milliards d’euros par an à l’Etat. C’est une somme énorme qui est deux à huit fois supérieure à ce qui avait été annoncé précédemment par le gouvernement Valls en termes d’efforts en direction de la jeunesse", a ainsi expliqué le professeur à Sciences Po. Et le coût n'est pas le seul argument avancé par les détracteur du RSA jeunes. Depuis 1988 et sa mise en place, on dit également qu’il favorise l’assistanat, et c’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Martine Aubry lundi

"Une façon de calmer la jeunesse". Manuel Valls a réagi très positivement lundi au rapport qui lui a été remis. "Mais le problème qui se pose maintenant c'est qu'il faut du temps pour développer de telles mesures et cela ne sera donc certainement pas fait avant la fin du quinquennat de François Hollande", a expliqué Julien Damon. Selon lui, c'est donc "une annonce qui est faite pour libérer la place de la République et calmer la jeunesse un peu encombrante qui voudrait tout bousculer aujourd’hui". "Et je le répète, simplifier les minima sociaux, cela prend énormément de temps sauf si on prend une décision radicale une bonne fois pour toute en les fusionnant", a conclu le spécialiste des politiques familiales.