Roman, d'ancien dealer à futur médecin : "si je continuais, j'allais en prison"

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Guillaume Perrodeau
Chez Christophe Hondelatte, Roman, aujourd'hui étudiant en sixième année de médecine, revient sur son passé de dealer et raconte comment il s'en est sorti.

Roman n'a pas débuté dans la vie de la meilleure des façons. Ancien dealer, condamné à trois mois de prison avec sursis, il est aujourd'hui en sixième année de médecine. Ses sombres années sont derrière lui. Chez Christophe Hondelatte mardi, il revient sur son parcours.

"Je ne sais pas pourquoi j’ai été attiré par ça". Roman est en quatrième lorsqu'il tire sur son premier joint. Il ne sait même pas ce que c'est, ni comment fumer, mais ça l'intéresse. "Je ne sais pas pourquoi j’ai été attiré par ça, mais je voulais absolument essayer", raconte le jeune homme au micro d'Europe 1. Rapidement, Roman prend l'habitude de fumer son petit pétard avec ses amis, après le collège notamment. Au lycée, après avoir arrêté quelque temps, il remet ça. Un soir, avec deux amis, ils sont totalement défoncés et s'amusent à détruire le mur de plâtre d'une école primaire. Quelques mois plus tard, Roman est rattrapé par les policiers. Ses parents doivent rembourser les dégâts : 1.500 euros. Roman se met alors en tête de les rembourser. Comment ? En dealant.

>> De 14h à 15h, c’est Hondelatte raconte sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission de Christophe Hondelatte ici

"Je m’achète les toutes dernières consoles, des vêtements". Pour gagner de l’argent, il décide d’acheter 25 grammes de haschisch, qu’il coupe en petits morceaux et qu'il revend 5 euros/pièce. Puis, de 25 grammes, Roman va passer à 100 grammes, puis 200 grammes. Il est alors au lycée et son petit trafic a inévitablement des incidences sur ses performances scolaires. Les demi-journées d'absence se multiplient pendant que ses notes dégringolent. À la fin de l'année, il achète désormais par kilos, qu'il revend par plaquette de 200 grammes à des petits dealers. Il se fait 500 euros par semaine. Roman est au lycée, il gagne l'équivalent d'un salaire net moyen, un peu plus de 2.000 par mois. "Je m’achète les toutes dernières consoles, des vêtements, des kebabs, je sors", confie Roman quand on l'interroge sur ce qu'il faisait de cet argent à l'époque. Parallèlement à ça, il continue de fumer bien sûr, une vingtaine de joints par jour.

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Roman et Christophe Hondelatte ©Europe 1

La prise de conscience. Finalement, la paranoïa a raison de Roman. Plusieurs fois, il échappe de justesse à la police mais il sent que l’étau se resserre autour de lui. Son fournisseur décide d'arrêter, alors il se dit que, pour lui aussi, la drogue, c'est terminé. Mais finalement, c'est lorsqu'il décide de lever le pied que la police le rattrape. Roman a 18 ans, il est convoqué par les autorités dans le cadre d'une enquête pour trafic de stupéfiants. Après plus de deux jours de garde à vue, il craque. Quelques semaines plus tard, direction le tribunal qui prononce une peine de trois mois de prison avec sursis à l'encontre du jeune homme. Une condamnation qui sert d'électrochoc. "C’est une prise de conscience. Je ne peux pas rester comme ça. Si je continuais, j'allais aller en prison", explique Roman. Il veut totalement arrêter la vente et reprend ses études en première S. Il décroche son bac, de justesse, et se met en tête de faire médecine.

Il se retrouve à la faculté de Marseille. Plus de 3.000 étudiants en première année pour... 312 places en deuxième année. Alors Roman se décide : plus d'alcool, plus de shit, rien que des clopes et surtout, des heures et des heures de travail par jour. En juin, les résultats tombent. Il est 306e de sa promotion. Aujourd'hui, Roman poursuit ses études de médecine, il est en sixième année. "Je serai interne à partir de l’année prochaine", confie-t-il. Ce qu'il veut faire ? Travailler dans l'addictologie. "Mes parents m’ont montré qu’en travaillant beaucoup, on peut avoir de l’argent et des choses agréables dans la vie. (...) Ils ne m’ont jamais lâché, même si j’étais un petit con."