Rixes entre bandes rivales : "En France, on travaille beaucoup sur la répression et pas sur la prévention"

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Anaïs Huet , modifié à
Nadia Remadna, fondatrice de l'association La Brigade des mères, qui intervient auprès des jeunes dans les quartiers, a expliqué à Nikos Aliagas que la lutte contre les rixes entre bandes rivales passera avant tout par un effort sur la prévention.
INTERVIEW

Ces dernières semaines, la région parisienne a été marquée par la mort de plusieurs mineurs dans des rixes entre bandes rivales. Le dernier en date, le 24 octobre, n'avait que 16 ans. Il est mort poignardé dans une bagarre, boulevard Mortier, dans le 20ème arrondissement de Paris.

Christophe Castaner, le nouveau ministre de l'Intérieur, veut sévir. Il a promis de mener "une lutte sans faille" contre les bandes. Mais pour Nadia Remadna, fondatrice de l'association La Brigade des mères et invitée de Nikos Aliagas sur Europe 1 vendredi matin, la répression ne peut être l'unique solution à ce problème majeur.

 

Former de vrais éducateurs. "Il faut protéger cette jeunesse, en faisant plus de prévention. En France, on travaille beaucoup sur la répression et pas sur la prévention", regrette cette mère de famille. "Malheureusement, ce phénomène existe depuis des années. Les élus de la République sont toujours en demande d'argent, mais il n'y a pas de professionnels en face", poursuit-elle. 

Nadia Remadna demande aujourd'hui que soient formés de vrais éducateurs pour intervenir dans les quartiers, auprès des jeunes. "En 2005, quand il y a eu les émeutes en banlieues, on a appelé les 'grands frères', des gens qui ne sont pas formés mais que l'on a mis sur le terrain pour calmer un moment les jeunes, mais pas pour régler le problème", souligne-t-elle. Une mesure qui revient, selon elle, à coller un sparadrap sur une plaie ouverte.

>> De 7h à 9h, c'est deux heures d'info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Apporter une réelle aide aux parents. Face à cette délinquance juvénile, les parents sont souvent montrés du doigt. Un mauvais procès, considère Nadia Remadna. "Je ne connais aucun parent qui veut que son enfant devienne délinquant. Malheureusement, il y a beaucoup de mères seules. Et parfois, quand il y a un père, il n'est pas un référent pour l'enfant. Je m'occupe d'un dossier où il s'agit d'un jeune qui commence à faire de grosses bêtises. La mère le suit depuis qu'il a l'âge de 8 ans. Elle a fait appel à tout le monde : aux éducateurs, aux médiateurs, à l'école, au lycée. On a fait un signalement, et la seule aide qu'a reçue la mère, c'est de la répression. Elle doit se présenter devant le juge, le fils doit aller voir le psy, etc. Du coup, les autres parents évitent d'aller demander de l'aide", explique-t-elle.

Dans l'espoir que les politiques l'entendent, et notamment le ministre de l'Intérieur, Nadia Remadna martèle : "Nous avons le devoir de protéger la jeunesse, et pas de faire de la répression pour un oui ou pour un non."