Rétrospective Polanski à la Cinémathèque : "je ne suis pas pour censurer son oeuvre, il suffit de le boycotter"

L'inauguration de la rétrospective consacrée à Polanski lundi soir à la Cinémathèque a été l'objet de manifestations féministes.
L'inauguration de la rétrospective consacrée à Polanski lundi soir à la Cinémathèque a été l'objet de manifestations féministes. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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M.Be , modifié à
Auteure d'une pétition pour demander l'annulation de l'hommage à Roman Polanski à la Cinémathèque de Paris, Laure Salmona demande à boycotter l'homme plus que son oeuvre.
INTERVIEW

La rétrospective consacrée à Roman Polanski à la Cinémathèque de Paris a fait l’objet d’un rassemblement d’associations féministes lundi soir, lors de l’inauguration de l’exposition en présence du cinéaste. "La direction de la Cinémathèque est restée campée sur ses positions et la rétrospective a eu lieu. On a montré qu’on était là mais ça n’a pas marché", regrette sur Europe 1 Laure Salmona, co-fondatrice du collectif "Féministes contre le cyber-harcèlement" et auteure d’une pétition "pour que la Cinémathèque annule son hommage à Roman Polanski", ralliée par 28.000 personnes.

"On continue à lui dérouler le tapis rouge ?" Alors que le réalisateur franco-polonais est accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes, la direction de l’organisme a refusé d’annuler la rétrospective, affirmant qu’elle "n’entend pas se substituer" à la justice. "Il y a un discours qui explique que Roman Polanski est quelqu’un de très talentueux et son œuvre est une grande œuvre cinématographique, donc il faut continuer à la montrer coûte que coûte", expose Laure Salmona. "Personnellement, je ne suis pas pour censurer son œuvre, mais je pense que quand quelqu’un a reconnu le détournement de mineur, a fui la justice, est sous le coup d’un mandat d’arrêt américain, on peut quand même se poser la question : 'est-ce qu’on continue de lui dérouler le tapis rouge ?'", rétorque-t-elle.

Boycotter l'homme et non l'oeuvre. Si elle ne demande pas le boycott de l’oeuvre de Roman Polanski, Laure Salmona prône davantage le "boycott" de l’homme : "Il suffit de ne pas l’inviter, il suffit que la promotion de ses films soit faite par les acteurs et non par lui, il suffit de le boycotter en fait." Pour la co-fondatrice du collectif féministe, l’idée est avant tout de "ne pas imposer aux femmes victimes de violences sexuelles, et aux victimes de Roman Polanski, une exposition médiatique" du cinéaste controversé.