Réprimandés pour leur usage du créole en prison, les surveillants de Fresnes portent plainte

À Fresnes, l'usage du créole se fait dans des conversations professionnelles selon Adeline Hazan, dans des conversations privées selon le syndicat FO. Image d'illustration.
À Fresnes, l'usage du créole se fait dans des conversations professionnelles selon Adeline Hazan, dans des conversations privées selon le syndicat FO. Image d'illustration. © FRED DUFOUR / AFP
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avec AFP
Le syndicat FO juge "discriminatoire" le fait qu'Adeline Hazan ait dans son rapport pointé du doigt l'usage du créole entre surveillants.

Les surveillants pénitentiaires de Fresnes dans le Val-de-Marne ont annoncé mardi avoir porté plainte pour discrimination, incitation à la haine et propos racistes contre Adeline Hazan, contrôleur des prisons, qui dénonce leur usage du créole dans la maison d'arrêt.

Un contrôle hiérarchique "limité". Fresnes a fait les gros titres mercredi dernier après la publication par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), organe dirigé par Adeline Hazan, de recommandations en urgence au gouvernement. Les contrôleurs dénonçaient les conditions d'incarcération "indignes" d'une prison pleine à craquer. À la fin de ce document, les contrôleurs pointent également du doigt l'usage du créole. Une langue "fréquemment utilisée pour les échanges professionnels entre surveillants, ce qui limite le contrôle hiérarchique et donne aux personnes détenues un sentiment d'incompréhension des décisions qui les concernent", selon leur rapport.

De la discrimination pour FO. Des propos que le syndicat FO pénitentiaire juge "discriminatoires à l'encontre des personnels pénitentiaires ultramarins", selon la plainte qu'il a adressée au procureur de la République de Créteil. "C'est de la discrimination, de la stigmatisation", a estimé Cédric Boyer, secrétaire local du syndicat à Fresnes. "On est conscient que la langue de la République, c'est le français. Mais Mme Hazan aurait pu le dire d'une autre façon, sans mentionner le créole et sans cibler une catégorie de personnes, les ultramarins", a-t-il ajouté.

Pour le syndicat, pour des conversations privées seulement. Le syndicaliste reconnaît l'usage du créole à Fresnes entre surveillants originaires d'Outre-mer à Fresnes, mais plutôt pour "des conversations privées". Il assure porter plainte "pour éviter le repli communautaire que peuvent causer des propos pareils". FO Pénitentiaire a également envoyé un courrier au Défenseur des droits, Jacques Toubon, pour solliciter son "aide" et son "soutien" dans cette affaire.