REPORTAGE - À Mourenx, certains retraités renoncent aux soins par manque de moyens

Simone, Mourenx, Théo Maneval / Europe 1, 1280
© Théo Maneval / Europe 1
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Théo Maneval, édité par Grégoire Duhourcau
EN DIRECT DE MOURENX, JOUR 4 - Avec une petite retraite, certains seniors préfèrent renoncer à avoir recours aux soins par manque de moyens. "Je dois déduire loyer, télécoms, EDF, assurance... Il ne me reste que 200 euros", confie Simone, 87 ans

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Parmi les "gilets jaunes", de nombreux retraités expliquent qu'ils ont de plus en plus de mal à s'en sortir avec leurs pensions. À Mourenx, le centre d'action sociale (CCAS) voit les demandes d'aide pour des soins médicaux augmenter d'année en année, à cause notamment du déremboursement par la Sécurité sociale de certains médicaments, ou prestations. Certains retraités renoncent purement et simplement à certains soins médicaux par manque de moyens.

"J'appréhende parce qu'il va falloir que je donne 152 euros et des poussières." Si Simone, 87 ans, a peur d'aller chez le dentiste, ce n'est pas à cause de la douleur. Depuis des mois, elle repousse le moment de changer son dentier. "J'appréhende parce qu'il va falloir que je donne 152 euros et des poussières. Ma pension est à 715,24 euros. Je dois déduire loyer, télécoms, EDF, assurance... Il ne me reste que 200 euros", confie-t-elle sur Europe 1.

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Hors de question d'en dépenser les trois-quarts d'un coup. Elle a poussé la porte du bureau d'Isabelle, au Centre d'Aide Sociale de la mairie de Mourenx. Cette dernière assure recevoir de plus en plus de visites de seniors, face à la baisse des remboursements : "Il y a des médicaments qui sont déremboursés pour la circulation sanguine. N'empêche que le médecin le prescrit quand même. A l'heure actuelle, j'ai deux à trois semaines de délai pour avoir un rendez-vous, ce qui n'était pas le cas avant."

"Il y a même des gens qui ont du mal à manger à la fin du mois." Car avec des budgets aussi serrés, même un changement de quelques euros n'est pas sans conséquences. Certains ne se permettent plus les petits soins du quotidien. Lucien est infirmier depuis 71, il soigne désormais certains patients sans les faire payer. "Il y a même des gens qui ont du mal à manger à la fin du mois, qui sont juste avec du pain grillé qui date de trois jours. On en est là. C'est bête mais c'est comme ça", lâche-t-il avec émotion. Ici, c'est encore l'entraide qui permet de relever les défis.