Rencontres entre patrons et détenus : "Ils en veulent, ils ont envie de se racheter"

La maison d'arrêt de la Talaudière permet régulièrement à ses détenus en fin de peine de rencontrer des dirigeants d'entreprises.
La maison d'arrêt de la Talaudière permet régulièrement à ses détenus en fin de peine de rencontrer des dirigeants d'entreprises. © PHILIPPE DESMAZES / AFP
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Jean-Luc Boujon avec B.V.
Dans la Loire, Pôle Emploi invite des employeurs potentiels entre les murs de la prison pour favoriser la réinsertion des détenus en fin de peine, l'un des chantiers auxquels doit s'attaquer la ministre de la Justice.

Quelle réinsertion après la prison ? C'est l'un des chantiers auxquels la ministre de la Justice Nicole Belloubet doit s'attaquer. En visite à Nantes vendredi avec le Premier ministre Édouard Philippe, la garde des Sceaux est notamment attendue sur l'efficacité des peines. Un terrain sur lequel elle souhaite développer des initiatives déjà mises en œuvre, à l'image des rencontres organisées par Pôle Emploi à la maison d'arrêt de la Talaudière, près de Saint-Étienne.

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 On prépare un futur. On se sent épaulé et on se sent méritant.

Un atelier entretien d'embauches, entre les murs de la prison, permet ainsi à Redouane de se vendre devant une demi-douzaine d'employeurs potentiels. "J'ai fait un CFA (Centre de formation des apprentis) plâtrerie-peinture, ça s'est bien passé", explique le jeune homme de 19 ans, qui purge une peine de six mois pour vol. " Ce qui me motive, c'est de travailler parce que j'ai arrêté l'école tôt."

"Redonner l'espoir". La veille, Redouane et d'autres détenus en fin de peine ont appris à construire leurs CV, à mettre en valeur leurs expériences. Ils ont également rencontré une troupe de théâtre afin d'apprendre à se comporter face à un patron. Une expérience qui booste, selon Patrick, 43 ans, détenu depuis 19 mois. "C'est comme redonner l'espoir", se réjouit-il. "On te dit : 'Tiens, tu es en prison. Mais on est derrière toi'. Il y a certains regards qui changent à l'extérieur, pensant que parce qu'on est en prison on n'est plus bon à rien. On prépare un futur. On se sent épaulé et on se sent méritant."

Même enthousiasme côté patrons : Thierry Briat, directeur d'un chantier d'insertion, a été bluffé par ces détenus candidats. "Je pensais, en arrivant ici, trouver des personnes pas très motivées, un peu des gros bras…", explique-t-il. "Je n'avais pas vraiment confiance. Et je suis vraiment agréablement surpris. Ils en veulent, ils ont envie de se racheter. Ils se vendent bien. Je pense d'ailleurs qu'il y a des personnes dont je vais garder le CV." Avec cette initiative, la prison redevient un laboratoire de la deuxième chance.