Renault et PSA se seraient entendus illégalement sur le prix des pièces détachées

Carlos Ghosn PDG de Renault, et Carlos Tavares, à la tête de de PSA. 1:23
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Pauline Jacot, édité par Ugo Pascolo
Les deux constructeurs se seraient échangés des informations sur les prix de leurs pièces détachées dont ils ont le monopole pour les gonfler artificiellement. L'entente, qui durerait depuis dix ans, aurait rapport 1,5 milliard d'euros, selon les informations de Mediapart.

Après le Dieselgate, un nouveau scandale automobile est-il sur le point d'éclater ? Renault et PSA auraient secrètement et artificiellement gonflé les prix de certaines pièces détachées grâce à l'utilisation d'un logiciel, pour un profit estimé à 1,5 milliard d'euros en dix ans pour les deux constructeurs automobiles, affirme Mediapart dans une enquête publiée jeudi.

1,5 milliard d'euros. Au cœur de cette hausse, le logiciel Partneo permettant d'augmenter discrètement le prix de pièces détachées dites "captives" de 15% en moyenne chez les deux constructeurs, selon des documents obtenus par le site d'information et le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC). Sept pièces détachées sur dix seraient concernées par cette hausse. En augmentant le tarif des pièces les plus vendues dont PSA et Renault ont le monopole, ils auraient généré 100 millions d'euros de profits supplémentaires par an au niveau mondial, soit un total de 1,5 milliard d'euros. 

Grâce aux complexes algorithmes et la large base de données créée par Partneo, les prix de certaines pièces ont ainsi bondi : +264% pour une protection de roue de Dacia Sandero, ou encore +100% pour un rétroviseur de Clio III.

Une entente sur la hausse des prix ? D'après Mediapart, Partneo appartient au cabinet de conseil Accenture. Le concepteur du logiciel a d'ailleurs déposé une plainte contre ce cabinet et soupçonne une entente sur les prix. "La société Accenture a utilisé le logiciel avec l'un de ses clients et ultérieurement, a fourni par les mêmes intervenants à un autre constructeur des éléments tarifaires qui ont permis de suspecter ces constructeurs français de procéder à des hausses tarifaires concertées. Les trois acteurs de cette possible entente démentent les accusations de Mediapart. Renault a par ailleurs assuré que les chiffres avancés par le site "ne correspondent pas" à leurs données et PSA juge les accusations "infondées".

Alertée en 2017 sur des soupçons de pratique concertée anticoncurrentielle, l'Autorité de la concurrence n'a pas donné suite à la procédure, estimant à l'époque ne pas avoir assez d'éléments à sa disposition, indique Mediapart. L'Autorité recommande néanmoins depuis 2012 la fin du monopole des constructeurs sur les pièces visibles de carrosserie.