Renault en procès après le suicide d’un salarié

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La veuve veut faire reconnaître la "faute inexcusable" du constructeur automobile, après le suicide de son mari en 2006.

Elle affirme qu’elle veut "faire condamner un système". Sylvie T., veuve d’Antonio, ancien ingénieur chez Renault, attaque le constructeur en justice pour "faute inexcusable". Le 20 octobre 2006, son mari, cadre au Technocentre de Renault à Guyancourt, dans les Yvelines, sautait de la fenêtre de son bureau situé au 5e étage "après un entretien avec sa supérieure". L’audience a été examinée lundi après-midi devant le tribunal des affaires de sécurité sociale de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.

Sylvie T. a déjà réussi à faire reconnaître ce suicide comme un accident du travail en 2007. Aujourd’hui, elle veut démontrer que c'est "l'organisation même de l'entreprise qui est coupable et criminelle". Pour son avocate, Me Rachel Saada, Renault n'a pas mis en oeuvre les mesures préventives qui auraient permis d'éviter le suicide d'Antonio. Selon elle, "Renault aurait du avoir conscience du danger". Ecoutez-la au micro Europe 1 d'Olivier Samain :

 

L'avocate de Renault, a quant à elle expliqué au tribunal qu'Antonio B. "n'a été soumis à aucun stress ni conditions de travail particulières", ni "humiliations ou mauvais traitement de la part de sa supérieure hiérarchique", comme dénonce la famille du défunt.

Pour montrer qu’elle se bat avant tout pour le symbole et pas pour autre chose, Sylvie T. a demandé au tribunal un euro de dommages et intérêts et la majoration de la rente versée à la famille. Si Renault est condamné, c’est l’entreprise qui devra désormais verser cette rente mensuelle à la veuve et à son fils, et non plus l’assurance maladie. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 14 décembre.

Une affaire qui pourrait faire jurisprudence alors même que début octobre, un ingénieur de 51 ans, salarié au même Technocentre, se donnait la mort à son domicile, et qu’une vague de suicides de salariés touchait l’entreprise France Télécom. Le 9 octobre dernier, le ministre du Travail Xavier Darcos a enjoint les entreprises de plus de 1.000 salariés d'ouvrir des négociations sur la prévention du stress au travail avant le 1er février 2010.