Réforme des peines : la contrôleure des prisons salue "une partie" des annonces de Macron

Pour Adeline Hazan, la surpopulation carcérale "reste le premier fléau". (Illustration)
Pour Adeline Hazan, la surpopulation carcérale "reste le premier fléau". (Illustration) © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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avec AFP
Adeline Hazan a salué certaines annonces du chef de l'État sur la réforme du système des peines, comme la suppression des courtes peines. 

La contrôleure générale des prisons Adeline Hazan a salué jeudi certaines annonces d'Emmanuel Macron sur la réforme du système des peines, comme la suppression des courtes peines, tout en s'inquiétant d'autres mesures.

"Une partie des mesures annoncées (...) sont dans la lignée des recommandations" d'Adeline Hazan, qui a rencontré le président à l'Élysée une semaine avant le discours qu'il a prononcé à Agen, dans le Lot-et-Garonne, sur le sens et l'efficacité des peines. "Les courtes peines sont inutiles et nocives, tant pour la personne condamnée que pour la société", écrit dans un communiqué la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, qui juge que "l'emprisonnement doit cesser d'être la peine de référence". Le président a appelé mardi à "proscrire les peines de prison inférieures à un mois" alors que les peines entre un et six mois "pourront s'exécuter hors des établissements pénitentiaires".

Accroître les places de prison, une "fausse bonne idée". Pour Adeline Hazan, la surpopulation carcérale "reste le premier fléau", mais "la construction de nombreuses places est une fausse solution". Emmanuel Macron est revenu sur sa promesse d'accroître de 15.000 les places de prison, rabaissant ce chiffre à 7.000. "La révision à la baisse du programme de construction et surtout la réaffectation de crédits à la rénovation du parc existant est une bonne nouvelle", réagit la contrôleure générale. En revanche, elle s'inquiète de "la suppression des possibilités d'aménagement pour les peines supérieures à un an", qui "risque d'avoir un effet contraire à l'objectif de réduction de la population carcérale". "Des moyens humains et financiers conséquents devront accompagner cette réforme", met-elle en garde. 

Pour Jean-Marie Delarue, ces annonces vont "dans le bon sens". Pour le prédécesseur d'Adeline Hazan, Jean-Marie Delarue, qui a quitté son poste en 2014, les annonces du président vont "dans le bon sens". Mais "il faut aussi souligner des interrogations et quelques scepticismes", écrit-il dans Le Monde.  "La réduction drastique des aménagements de peine annoncée va produire un redoutable effet de ciseau: la substitution des peines courtes va mettre du temps à être efficace; la réduction des aménagements de peine va avoir des conséquences immédiates. On peut parier qu'on a inventé là un outil supplémentaire d'aggravation de la surpopulation carcérale", s'inquiète-t-il.