Reconversion professionnelle : de plus en plus de Français "en quête de sens"

troquer les écrans contre du concret : de plus en plus de Français envisagent de franchir le cap.
troquer les écrans contre du concret : de plus en plus de Français envisagent de franchir le cap. © AFP
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A.D
De trader à traiteur, de chercheur à boulanger...De plus en plus de cadres, pas totalement épanouis dans leur travail, se tournent vers des professions plus manuelles.
INTERVIEW

Tout plaquer. Passer de la banque à la restauration, des ressources humaines à la fromagerie. Selon un sondage Odoxa paru mercredi, les Français seraient de plus en plus tentés par la reconversion professionnelle. Les diplômés seraient nombreux à quitter leur emploi du bureau pour l'artisanat, le petit commerce et la restauration. Le journaliste Jean-Laurent Cassely s'est intéressé au phénomène et livre une enquête publiée sous le nom La révolte des premiers de la classe (métiers à la con, quête de sens et reconversions urbaines). Il était l'invité de l'émission C'est arrivé demain pour expliquer cette tendance. 

"Ils fuient" un certain monde professionnel. L'ampleur du sujet est difficilement quantifiable. Le journaliste estime qu'"1% des jeunes diplômés sont concernés". Sans compter ceux qui y pensent mais n'osent pas franchir le pas. Par ailleurs, selon lui, un quart des nouveaux créateurs d'entreprises artisanales sont des diplômés du supérieur. "Ils fuient un monde professionnel dans lequel on ne peut plus faire grand-chose. Il y a tellement de règles, de process, de bureaucratie dans ces entreprises que les gens se plaignent de passer plus de temps à mesurer ce qu'ils font qu'à vraiment faire quelque chose", analyse Jean-Laurent Cassely.

Quête de sens. "Ce sont des gens - chercheur, trader, journaliste - qui ont en commun de manipuler de l'information et des symboles plus que de la matière et de ne pas voir vraiment la production ni le client final. Ils ont une sorte de crise d'abstraction." Ce manque de concret les fait aller vers une "quête de sens". Conclusion, on va les retrouver dans "la restauration, l'épicerie, la boulangerie de quartier". De manière pratique, la reconversion se fait selon deux profils, explique Jean-Laurent Cassely : "Il y a des gens qui veulent devenir technicien, producteur. Ils vont passer un CAP, se former, ça va être long et difficile. D'autres vont plutôt être des gestionnaires, des créateurs de petites entreprises liés à ces métiers. Ils vont transposer ce qu'ils ont appris ailleurs."

Nouveau prestige. Ces reconvertis sont aussi prêts à gagner moins d'argent en contrepartie de la sensation de "travail accompli" et de la contemplation de la belle ouvrage. Il gagnent aussi un "prestige social un peu nouveau. Dans une population où le diplôme s'est banalisé, faire des tartes, être traiteur, c’est intéressant et détonant."