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G.P.
Dans "C'est arrivé demain", la sociologue Anne Muxel évoque l'enquête sur la radicalisation politique et religieuse des lycéens, réalisée auprès de 7.000 jeunes. 
INTERVIEW

C'est une enquête qui révèle la préoccupante radicalité politique et religieuse d'une partie de la jeunesse française. "Lycéens : une enquête sur la radicalisation politique et religieuse", co-réalisée par Anne Muxel et Olivier Galland, rend compte de plusieurs chiffres inquiétants. Sociologue et directrice de recherches au CNRS, Anne Muxel a évoqué les résultats de cette étude au micro de C'est arrivé demain. Elle estime que "l'Éducation nationale doit se saisir de cette enquête" pour en tirer toutes les conclusions.

Radicalité politique, religieuse et de rupture. Dans cette étude, réalisée auprès de 7.000 lycéens de seconde dont 20% de jeunes musulmans, Anne Muxel et Olivier Galland ont cherché "à mesurer le halo de radicalité qui peut concerner la jeunesse en France, dans toutes ses composantes".

Les deux chercheurs se sont essentiellement concentrés sur trois typologies de radicalité. "La radicalité religieuse concerne une fraction significative de jeunes, mais surtout des jeunes de confession musulmane", détaille ainsi Anne Muxel. "La radicalité politique, dans sa dimension protestataire, concerne une majorité de lycéens. Quant à la radicalité de rupture, supposant l'acceptation de la violence politique, elle concerne entre un et deux lycéens sur dix."

"La valeur première est la notion de respect." Dans cette étude, Anne Muxel et Olivier Galland ont mis en lumière des résultats inquiétants. Ainsi, 25% des jeunes ne condamnent pas totalement les attaques contre Charlie Hebdo et le Bataclan. "Ce qui nous a frappés, c'est que la valeur première était la notion de respect. Pour ces 25% de jeunes, il faut d'abord respecter les religions", explique Anne Muxel. Dans l'argumentaire des lycéens concernés, la sociologue explique que la phrase "Ils l'ont bien cherché" revenait beaucoup.

Autre résultat frappant, en lien avec ce premier constat : 80% des jeunes estime qu'on ne peut pas se moquer des religions. "Nous étions nous-même surpris de cette forme de sacralisation de la religion. Je pense que, dans un moment où les jeunes sont en perte de repères, il reste, comme cela, des blocs de sens sacrés auxquels il ne faut pas toucher", indique la directrice de recherche au CNRS.