Rachat d'Uramin : un ex-responsable d'Areva mis en examen pour corruption

Plusieurs anciens responsables d'Areva ont été mis en examen pour corruption.
Plusieurs anciens responsables d'Areva ont été mis en examen pour corruption. © ERIC PIERMONT / AFP
  • Copié
avec AFP
Daniel Wouters, financier belge, a été mis en examen pour complicité des délits de corruption d'agent public étranger, d'abus de confiance et de corruption privée.

L'ancien responsable du développement et des acquisitions de la division mines d'Areva, Daniel Wouters, a été mis en examen dans l'enquête sur le rachat controversé de la compagnie minière canadienne Uramin en 2007. Ce financier belge, recruté en 2006 par Areva, a été mis en examen en mai pour complicité des délits de corruption d'agent public étranger, d'abus de confiance et de corruption privée, selon cette source.

Gouffre financier. Areva, devenu Orano, avait déboursé 1,8 milliard d'euros pour acquérir Uramin. Mais l'exploitation de ses gisements en Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique s'était révélée beaucoup plus difficile que prévu, transformant cette opération en gouffre financier. Cette affaire est au cœur de deux informations judiciaires. L'une où l'ex-patronne emblématique du groupe, Anne Lauvergeon (2001-2011), a été mise en examen ainsi que deux ex-responsables, suspectés d'avoir présenté des comptes inexacts pour masquer l'effondrement de la valeur d'Uramin.

Enquête sur de possibles rétrocommissions. L'autre enquête porte sur des soupçons de corruption en amont et en aval de l'acquisition de la société minière et dans laquelle Anne Lauvergeon est placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté. C'est dans ce volet que Daniel Wouters, au premier plan dans les négociations sur le rachat d'Uramin, a été mis en examen, les enquêteurs cherchant à savoir s'il aurait pu bénéficier de rétrocommissions en profitant de sa position chez Areva.

Usine de dessalement. Les investigations ont notamment mis en lumière deux virements d'un total de 500.000 dollars à la société Swala dans laquelle l'homme d'affaires détenait une participation. L'argent provenait du groupe namibien United Africa Group (UAG), avec lequel le groupe français dit avoir envisagé un partenariat afin de construire une usine de dessalement pour sa mine de Trekkopje (Namibie). Ce projet n'a jamais vu le jour mais Areva avait tout de même versé à UAG un total de 6,9 millions de dollars en 2009 et 2010, jamais remboursés.

"J'ai toujours été loyal vis-à-vis d'Areva". Autre élément troublant : Daniel Wouters était lié à deux des principaux actionnaires d'Uramin, James Mellon et Stephen Dattels, qui ont investi en 2008 dans Swala. Les enquêteurs suspectent aussi qu'une société gérée par son beau-fils, Inseed Investment, ait pu servir d'écran pour verser des "rétrocessions" en contrepartie d'informations sur le secteur de l'uranium issues d'Areva, selon une source proche du dossier. Entendu en mars par les enquêteurs, Daniel Wouters a nié avoir perçu des fonds de cette société. "J'ai toujours été loyal vis-à-vis d'Areva", s'est-il défendu.