"Qu'il ne soit pas mort en vain" : la France rend hommage au "héros" Arnaud Beltrame

Emmanuel Macron a prononcé l'éloge funèbre du gendarme.
Emmanuel Macron a prononcé l'éloge funèbre du gendarme. © AFP
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RÉCIT - Une cérémonie d'hommage à Arnaud Beltrame, tué après avoir échangé sa place avec un otage lors des attaques terroristes de l'Aude, a été célébrée dans l'émotion, mercredi à Paris.  

10 heures. La première marseillaise de la matinée retentit place Beauvau, devant le ministère de l'Intérieur. Devant plusieurs rangées de gendarmes, Gérard Collomb et Jacqueline Gourault se tiennent debout, sous la pluie, donnant le ton d'un hommage national. Inconnu il y a encore une semaine, le gendarme Arnaud Beltrame est célébré en héros par la France, cinq jours après sa mort lors des attaques terroristes de l'Aude.

"Bravo" et "merci". Dans le 6ème arrondissement de Paris, le cortège funéraire quitte la caserne Tournon, où le corps du colonel était veillé par ses frères d'armes. Encadré de motards de gendarmerie, il passe devant le Sénat. De part et d'autre des rues, des barrières empêchent les badauds de trop s'approcher. Malgré le mauvais temps, des dizaines d'anonymes se pressent pour saluer la mémoire d'Arnaud Beltrame. Des adultes, des lycéens, des collégiens et même des élèves de primaire, avec sur les lèvres toujours les mêmes mots : "bravo" et "merci".

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Pendant quinze minutes, le cortège stationne devant le Panthéon, la nécropole laïque des "Grands Hommes" français, dans le silence le plus total. Puis il reprend sa route à travers les rues de Paris, dans le quartier latin et le long de la Seine, un temps accompagné des cavaliers de la garde républicaine, au sein de laquelle Arnaud Beltrame avait servi. Direction les Invalides, où près de 2.000 personnes, politiques, responsables militaires, proches du militaire et anonymes s'installent, dans une ambiance déjà solennelle.  

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Trois drapeaux symboliques. 11h30. Dans la cour du célèbre monument parisien, la polémique sur la politique antiterroriste du gouvernement semble mise entre parenthèses. Anciens chefs d'État, ex-premiers ministres, membres de l'actuel gouvernement se tiennent côte à côte. Devant eux flottent trois drapeaux, symboles de la carrière exemplaire du héros : celui de l'école militaire interarmes, dont Arnaud Beltrame était sorti major de promotion, celui de l'école des officiers de la gendarmerie nationale et celui de la gendarmerie.

Emmanuel Macron entre dans la cour, le visage fermé. La Marseillaise tonne une première fois avant le passage en revue des troupes et un échange entre le chef de l'État et les familles, à l'abri des caméras. Avec les proches d'Arnaud Beltrame, mais aussi ceux de Jean Mazières, Christian Medves et Hervé Sosna, également tués à Carcassonne et à Trèbes vendredi. Il est presque midi lorsque le cercueil du gendarme entre dans la cour, recouvert d'un drapeau tricolore. Derrière, porté sur un coussin, un képi contient une photo du colonel et de son épouse.

"Le cœur de l'engagement du soldat". L'air grave, visiblement ému, le chef de l'État prend la parole. Et retrace la matinée de vendredi, dans ses moindres détails. L'arrivée d'Arnaud Beltrame à proximité du Super U de Trèbes, où une employée était détenue en otage par un homme ayant déjà fait plusieurs victimes. "Cette vie comptait pour Arnaud Beltrame, elle comptait même plus que tout, car elle était, comme toute vie, la source de sa vocation de servir. Accepter de mourir pour que vivent des innocents, tel est le cœur de l'engagement du soldat." Le gendarme a pris la place de l'otage.

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"Ce choix lui ressemblait tellement que sa mère, apprenant qu'un gendarme avait accompli ce geste, a instinctivement, presque charnellement reconnu son fils", poursuit Emmanuel Macron, retraçant le parcours brillant du militaire. Citant tantôt Jeanne d'Arc, tantôt le Général de Gaulle, le chef de l'État ajoute le nom d'Arnaud Beltrame à la liste de "toutes ces femmes et tous ces hommes qui un jour avaient décidé que la France ne survivrait qu'au prix de leur vie, et que ça en valait la peine". "Il n'aurait laissé sa place à personne car l'exemple vient du chef. (...) Avec lui surgissait du cœur du pays l'esprit français de résistance."

>>> Le discours d'Emmanuel Macron résumé en vidéo 

S'adressant aux proches du "héros", fait commandeur de la légion d'honneur à titre posthume, Emmanuel Macron parle lentement. "Ce que nous vous devons c'est qu'il ne soit pas mort en vain. Que sa leçon demeure gravée dans le cœur des Français. J'y veillerai, je vous le promets." Dans la cour des Invalides, le silence est total.