"Quelqu'un a assassiné ma fille avec mes mains" : en appel, Kabou persiste dans le déni

Fabienne Kabou est jugée en appel pour infanticide.
Fabienne Kabou est jugée en appel pour infanticide. © BENOIT PEYRUCQ / AFP
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avec AFP
Fabienne Kabou, jugée en appel pour infanticide, a plaidé non coupable vendredi et expliqué "avoir été guidée par une énergie malveillante" en commettant les faits.

"Quelqu'un a assassiné ma fille avec mes mains" : au premier jour de son procès en appel vendredi devant les assises du Nord, Fabienne Kabou, accusée du meurtre de sa fillette de 15 mois, a persisté dans le déni. Veste de costume noir, chignon tiré, Fabienne Kabou avait été condamnée en première instance à Saint-Omer à 20 ans de réclusion criminelle en juin 2016 pour avoir abandonné Adélaïde à marée montante sur une plage de Berck en novembre 2013. La cour avait retenu l'altération du discernement.

Elle plaide non coupable. À Douai vendredi, elle a d'emblée plaidé "non coupable". Et, en sanglotant, affirmé que "dès la première interpellation, dès le premier interrogatoire", elle avait expliqué "être guidée par une énergie que je sentais malveillante". À ses yeux, "ces éléments n'ont pas été suffisamment exploités". "Quelque chose, ou quelqu'un, a agi en moi pour assassiner ma fille. Un peu comme si quelqu'un avait commandité sa mort, par mes mains, et en faisant d'une pierre deux coups, puisqu'il a aussi ruiné ma vie", a-t-elle expliqué. Elle affirme pourtant "s'être battue" contre cette force qui l'aurait guidée pendant les deux premières années de sa fille, mais qu'elle en était "épuisée". "Le plus dur, c'est que j'ai vraiment le sentiment d'avoir été fauchée par cet assassin", relate la jeune femme, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité. 

Une pathologie mentale ? La responsabilité pénale de Fabienne Kabou, une personnalité jugée par tous comme "très intelligente" mais aussi "déroutante", a été au centre de son premier procès. Si certains experts ont conclu qu'elle présentait une "pathologie mentale", d'autres évoquaient seulement "un trouble psychique". "C'est l'enjeu de ce procès : savoir quel est son degré de responsabilité et de culpabilité. Pourquoi a-t-elle tué son enfant ? Parce qu'elle dit qu'elle l'a tuée. Et qui l'a fait ? Elle, Fabienne Kabou ? Ou quelqu'un d'autre ? Parce que bien évidemment, il y a une double personnalité dans cette femme", assure devant la presse Frank Berton, l'un de ses avocats.

Dans "une solitude profonde". Pour expliquer ce geste, elle avait évoqué la "sorcellerie". "Elle n'y croit pas fondamentalement, elle cherche l'explication dans ses racines culturelles à son geste, parce qu'elle ne veut pas se reconnaître malade mentale", estime son avocate, Me Fabienne Roy-Nansion. Née à Dakar, Fabienne Kabou a grandi dans un milieu "aisé", "affectueux" où "la religion catholique occupe une place centrale". Installé à Paris, elle donne naissance à Adélaïde en 2011. Elle "vit en vase clos, dans une solitude profonde avec le père de l'enfant, Michel Lafon, de trente ans son aîné. Elle a dissimulé sa grossesse puis son nouveau-né à ses proches en accouchant seule chez elle", relève l'enquête de personnalité. Fabienne Kabou "semblait avoir une vie en or au Sénégal et une fois arrivée en France, sa vie semble faite de ruptures et de solitude", souligne la présidente Anne Cochaud-Doutreuwe.