Que se passe-t-il à la tour Eiffel ?

La grève à la tour Eiffel se poursuivait, jeudi, dans la journée.
La grève à la tour Eiffel se poursuivait, jeudi, dans la journée. © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP , modifié à
Le célèbre monument parisien était à nouveau fermé, jeudi, en pleine période estivale.

Elle est l'un des monuments les plus visités de Paris, l'un de ses symboles, si ce n'est son plus grand symbole. Et, en cette période estivale, elle devrait être à la fête. Et pourtant, jeudi matin, encore, la tour Eiffel était fermée. Mercredi déjà, les dernières montées par ascenseur ont eu lieu à 16 heures, contre 22h30 en temps normal. Mais que se passe-t-il donc à la tour Eiffel ?

À l'origine, une refonte de la vente des billets

Au début du mois de juillet, la Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE) décide de monter la proportion de tickets ouverts à la réservation par créneau horaire (par demi-heure), de 50% à 20% auparavant. Les visiteurs ayant réservé sur le site accèdent à l'édifice par le pilier nord, les visiteurs se rendant directement sur place par un autre pilier. Et c'est là où ça coince.

S'ils ne critiquent pas la décision de la direction d'augmenter le nombre de tickets en prévente ("C'est une bonne chose, on vit avec notre temps", a estimé lundi Denis Vavassori, représentant de la CGT-Tour Eiffel), l'organisation mise "en oeuvre par la Société d'Exploitation de la Tour Eiffel génère des files d'attentes parfois monstrueuses - et souvent totalement déséquilibrées", argue le communiqué du syndicat. "De très importantes distorsions apparaissent dans les deux files", dénonce la CGT, assurant que l'ascenseur "dédié" aux visiteurs munis de prévente, monte presque à vide lors de certains créneaux – essentiellement en soirée et en début d'après-midi - alors que des files allant jusqu'à trois heures se forment à l'autre pilier. À l'inverse, lorsque des créneaux horaires sont très demandés, l'ascenseur dédié est cette fois incapable d'absorber le flux, et les clients munis de prévente sont contraints de patienter au-delà de leur horaire prévu, "souvent plus d'une heure" selon la CGT.

La SETE assure elle de son côté que pour les visiteurs munis de prévente, "le temps d'attente est très faible", et que pour "les visiteurs sans billet, le temps d'attente (...) reste identique à l'année dernière alors que le nombre de visiteurs a augmenté". Un petit tour sur les commentaires laissés par les touristes sur les sites de voyage confirme que le temps d'attente pour accéder à la "Dame de fer" demeure un souci majeur…

Les syndicats réclament un ajustement

Le syndicat propose de conserver la proportion de 50% de préventes, mais de permettre "à la totalité des visiteurs (billets prévendus ou non) d'accéder aux deux piliers", avec "une file prioritaire dédiée aux clients munis de billets achetés en prévente", mais aussi de renforcer l'équipe des agents d'accueil sur le parvis de la Tour. "Au-delà du gâchis généré en termes d'efficacité, insatisfaction des visiteurs (...) les agents d'accueil sont à bout", insiste la CGT. "On ne parle pas d'échec (…) il y a juste un ajustement à faire", a plaidé Denis Vavassori, regrettant que "la direction reste dans une position dogmatique".

La direction campe sur ses positions

"La file d'attente pour les visiteurs achetant leur billet sur place est pour l'heure incontournable", répond la SETE dans son communiqué. "Elle s'estompera dans le temps, au fur et à mesure que la proportion de billets vendus en ligne augmentera", assure-t-elle. La société revendique "10.000" billets horodatés vendus chaque jour et assure que "le temps d'attente est très faible". "Ce dispositif a été accompagné d'un important renfort d'effectifs", selon la SETE, qui parle d'une "trentaine d'emplois", sur un total d'environ 300, et assure avoir "impliqué ses collaborateurs" dans la mise en place du dispositif.

Interrompues mercredi, les discussions entre les deux parties, qui duraient déjà depuis plusieurs jours, ont repris en fin de matinée, jeudi, et un "texte d'accord" a été proposé par la direction à l'intersyndicale CGT-FO. En attendant la fin de la crise, les nombreux touristes trouvent portes closes et sont contraints d'admirer la Tour d'en bas plutôt que Paris d'en haut…

Plus de six millions de visiteurs en 2017. La Tour Eiffel, dont le mur de protection en plexiglas de trois mètres de haut l'entourant doit être achevé cet été, a accueilli 6,2 millions de visiteurs en 2017. La Tour avait déjà été fermée à plusieurs reprises ces derniers mois : en octobre dernier, elle avait été fermée au public en raison d'un arrêt de travail de ses salariés, et en septembre, elle avait été partiellement fermée dans le cadre d'une manifestation nationale contre la réforme du Code du travail.