Quatre mois après son agression, Théo se livre : "Je suis comme dans une bulle"

L' "affaire Théo" avait suscité de nombreuses réactions dont des manifestations contre les violences policières comme ici, le 18 février 2017 à Paris.
L' "affaire Théo" avait suscité de nombreuses réactions dont des manifestations contre les violences policières comme ici, le 18 février 2017 à Paris. © AFP
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Quatre mois après les violences dont il a fait l'objet, le jeune homme de 22 ans a raconté à "L'Obs" de quoi était désormais fait son quotidien.

Après quatre mois passés dans le silence, Théo, frappé et blessé par l'introduction d'une matraque dans l'anus lors d'une descente policière à Aulnay-sous-Bois en février, raconte à L'Obs sa version des faits, ce qu'il attend de la justice et comment sa vie a désormais été transformée.

Une blessure qui l'oblige à porter une poche. Sur les quatre policiers concernés, trois ont été mis en examen pour violence, un autre pour viol. Théo demande à ce "qu'ils soient condamnés pour les actes de barbarie qu'ils m'ont fait subir". Depuis le 2 février, le quotidien de ce jeune homme de 22 ans, amateur de football, a complètement changé. "Chaque jour, une infirmière vient me faire des soins, vérifier l'évolution de la cicatrice", raconte Théo. "J'ai une déchirure anale de dix centimètres et une perforation importante du colon, qui m'obligent à porter une poche, peut-être à vie, et qui me fait mal", détaille-t-il, ajoutant que la dernière nuit "normale" qu'il ait passée, "c'était à l'hôpital, le 2 février", jour de son agression.

"Le foot était la passion de ma vie". Théo raconte que désormais, son sommeil se résume à des tranches de 20 à 30 minutes. "Je ne peux plus faire grand chose. Le foot était la passion de ma vie", lâche-t-il. Le jeune homme a bien tenté de rechausser ses crampons mais la blessure était encore trop vive. Impossible aussi pour lui de remonter sur son vélo. "Je suis comme dans une bulle parce que les miens sont là. Ou comme sur un parking, en attente", poursuit Théo. "Je n'ai pas le mental", ajoute le jeune homme, qui raconte regarder la télévision ou écouter de la musique pour passer le temps car pour le moment, il ne peut "formuler aucun projet". 

"La vie de toute ma famille a aussi été bouleversée". Parfois, Théo retourne sur les lieux de son agression. Des "flashs" lui reviennent alors en mémoire. "Quand je croise un représentant des forces de l'ordre, je n'ai pas peur, mais ce n'est plus comme avant", concède le jeune homme qui avait reçu la visite de François Hollande, venu lui témoigner son soutien à l'hôpital. "Depuis le 2 février, c'est la vie de toute ma famille qui a été bouleversée aussi". Harcelée même, ajoute-t-il, par des journalistes et des inconnus "qui viennent frapper" chez eux. Aujourd'hui Théo attend de la justice une réponse forte. "Je veux que cette affaire ait un sens. Que de tels actes ne se reproduisent plus [...], que cesse l'impunité et que nous soyons tous traités dignement dans ce pays".