Quand la Sécu ouvre les yeux des patrons sur le taux d’absentéisme dans leur entreprise

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Olivier Samain, édité par A.D
Depuis quelques semaines, la CNAM alerte les entreprises dont le taux d'absentéisme est très élevé. Pour que les patrons en prennent conscience, la Sécu livre les chiffres de la concurrence.

L'absentéisme au travail augmente : +7,5% en six ans, secteurs public et privé confondus. Et le phénomène coûte cher : 170 millions d'euros pour les arrêts d'une journée. C'est pourquoi l'assurance maladie s'est lancée dans une démarche inédite : depuis quelques semaines, elle va à la rencontre des entreprises dont le taux d'absentéisme est très élevé pour leur faire prendre conscience du caractère anormal de cette situation. La méthode ? Elle dévoile le taux d'absentéisme, bien plus faible, de ses concurrents.

Stupéfaction des employeurs. L'expérimentation a démarré au mois de novembre et se limite, pour le moment, à cinq entreprises situées dans différentes régions. Leur point commun : un taux d'absentéisme de 20% ! Et à chaque fois, la stupéfaction de l'employeur est totale quand il découvre, chiffres de l'assurance maladie à l'appui, que ses concurrents installés tout près de chez lui ont quatre fois moins de salariés absents. Ce qu'il pensait être une situation normale, contre laquelle il n'y a pas grand chose à faire, lui saute à la figure.

Inciter à mettre en place une politique de prévention. C'est le but recherché pour l'inciter à mettre en place une politique de prévention. Et pour que l'exercice soit efficace, l'assurance-maladie va plus loin : elle communique à l'employeur le motif des arrêts de travail de ses salariés : troubles musculo-squelettiques, lombalgies, risques psychosociaux.

Pas d'identification possible. Pour autant, dit Marine Jeantet, directrice des risques professionnels à la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Il n'y a pas violation du secret médical : "On est sur des données qu'on traite de manière très globale, sur des motifs d'arrêts de travail qui ne permettent pas du tout d'identification des salariés concernés. Par exemple, on va s'attacher à des motifs comme les risques psychosociaux de manière très générique et on ne rentrera pas dans le détail des pathologies, comme la dépression."

Pour le moment les employeurs en sont au stade de la prise de conscience. Une nouvelle visite est prévue dans six mois pour voir s'ils ont déployé des mesures de prévention.