Proposition d'accueil de l'Aquarius : à Sète une "mobilisation citoyenne" et des réticences

Le directeur du port de Sète a proposé que la ville accueille l'Aquarius, en mer depuis vendredi (photo d'illustration).
Le directeur du port de Sète a proposé que la ville accueille l'Aquarius, en mer depuis vendredi (photo d'illustration). © AFP
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Mélanie Nunes, édité par Margaux Lannuzel
Au sein de la ville du sud-est, la proposition du directeur du port d'accueillir les 141 migrants secourus par le navire humanitaire la semaine dernière divise les habitants. 
REPORTAGE

Le port de Sète est habitué à recevoir de très gros bateaux, des chalutiers aux paquebots de croisière. Pourquoi ne pourrait-il pas accueillir l'Aquarius, navire humanitaire à la recherche d'un lieu où débarquer les 141 migrants qu'il a secourus la semaine dernière ? Suivant ce raisonnement, le directeur du port Jean-Claude Gayssot s'est dit prêt à mettre ses infrastructures à disposition, lundi. Au sein de la ville, les avis sont partagés. 

"Sinon, on n'est pas des humains". Certains marins se sont mobilisés dès l'annonce, comme Bruno, prêt à accueillir des migrants chez lui. "Je n'ose plus regarder la Méditerranée de la même façon", explique-t-il. "En mer, la solidarité elle est énorme. Ça fait partie de nos gènes, nous les marins. Alors quand on nous propose d'accueillir le bateau, bien sûr qu'on est d'accord. Sinon on n'est pas des humains."

Un collectif de 13 associations de soutien aux migrants, baptisé "Sète terre d'accueil", s'est d'ores et déjà réuni. "Il faut se mobiliser pour que le président de la République dise oui, et nous on sera là pour soutenir", estime une bénévole, évoquant une "seconde chance" pour la France, qui n'avait pas accueilli l'Aquarius en juin, lors d'une crise similaire. "La première fois, la Corse s'était positionnée et il (Emmanuel Macron, ndlr) n'a pas répondu favorablement. Là, il y a toute cette mobilisation citoyenne."

"Personne ne veut rien faire". Mais tous les habitants ne sont pas d'accord, à l'image de Philippe. "Nous avons trop d'immigrés, donc je suis contre", souffle-t-il. "C'est malheureux, je reconnais que si j'étais à leur place je ferais peut-être pareil. Mais personne ne veut rien faire, chacun se renvoie la balle."