Manifs contre la "répression policière" : 38 interpellations

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avec AFP , modifié à
Près d'un mois après la mort de Rémi Fraisse, plusieurs rassemblements ont eu lieu samedi dans toute la France. Ils se sont généralement déroulés dans le calme malgré quelques "débordements".

Un mois après la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade de la gendarmerie, dans le Tarn, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans toute la France samedi après-midi. Ces rassemblements contre "les violences policières" se sont généralement déroulés dans le calme dans une vingtaine de villes, à Nantes et à Toulouse notamment.

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L'appel à "reprendre la rue le 22 novembre" avait d'abord été lancé à l'initiative de comités opposés au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, avant d'être élargi à toute la France. 

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"Quelques débordements"."Quelques débordements ont été contenus à Nantes, Toulouse, Bordeaux et Lille notamment", a annoncé samedi soir dans un communiqué le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a fait état de 38 interpellations. Deux policiers ont été légèrement blessés à Toulouse, un troisième à Nantes, selon l'Intérieur.

Mais les incidents été sans commune mesure avec les heurts violents survenus lors de précédentes manifestations à la mémoire de l'écologiste de 21 ans dans ces deux villes. "Des feux de poubelles, dégradations de mobilier urbain ou de vitrines ont été relevés", selon Bernard Cazeneuve, mais "dans des proportions bien moins importantes". Le ministre a d'ailleurs salué "l'esprit de responsabilité des manifestants pacifiques, les seules difficultés rencontrées ayant été le fait de groupes isolés".

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Un millier de personnes à Nantes. A Nantes, 1.200 personnes, selon la préfecture, ont défilé derrière les banderoles "26 octobre, mort de Rémi Fraisse, ni oubli, ni répit" ou "désarmons la police". Les organisateurs entendaient notamment "dénoncer la répression" à la suite d'une manifestation d'opposants au projet d'aéroport, en février à Nantes. Trois manifestants y avaient perdu l'usage d'un oeil. Puis, aux abords de la préfecture, des manifestants ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont répliqué avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Ce n'est qu'à la dispersion de la manifestation nantaise que des groupes ont incendié des poubelles ou brisé une vitrine d'agence bancaire.Des militants anti-aéroport avaient appelé à se vêtir en blanc pour "rendre visible (leur) choix de la non-violence". 

Sept personnes, sur les 14 interpellées lors de cette manifestation, sont convoquées devant la justice en décembre, tandis que 5 autres restaient en garde à vue dimanche, et que deux autres avaient été libérées. Différentes charges ont été retenues à l'encontre des sept personnes convoquées devant la justice. Certaines devront répondre notamment des faits de transport d'armes, d'autres de violences volontaires.
                  
Deux manifs à Toulouse. A Toulouse, 450 personnes selon la préfecture, 600 selon les organisateurs, ont participé à un premier défilé très calme dans la matinée, à l'appel de partis de gauche (EELV, PCF, PG, NPA) et des organisations syndicales FSU et Solidaires."A Notre-Dame-des-Landes comme au Testet, l'écologie est piétinée, les manifestants incarcérés", scandaient des jeunes gens, réclamant le retrait des projets contestés d'aéroport en Loire-Atlantique et de retenue d'eau dans le Tarn. Sous une pancarte clamant "C'est vous les casseurs d'avenir", Léon, étudiant en droit et "jeune communiste" de 24 ans interpellait le gouvernement en faisant "le lien entre austérité, inégalités, troubles sociaux et violences policières". Dans l'après-midi, à Toulouse, une seconde manifestation - non déclarée et donc "illégale" - a rassemblé plus de 500 personnes. Une majorité souhaitait apparemment que le défilé ait lieu sans incident. Certains dansaient et chantaient sous l'impulsion de clowns facétieux. Mais, dans le quartier Saint-Cyprien, les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour repousser des manifestants qui tentaient de forcer leur cordon de sécurité. Au moins un groupe très mobile s'est déplacé ensuite dans la ville, jusqu'en début de soirée, et s'en est pris à des vitrines d'agences bancaires à coups de masse, endommageant aussi du mobilier urbain.

Bordeaux, Dijon, Poitiers, Grenoble... Ailleurs en France, on a compté environ 300 manifestants à Bordeaux, où un pantin figurant un policier a été brièvement enflammé-, 200 à 300 à Dijon, plus de 150 à Poitiers ainsi qu'à Grenoble, une cinquantaine à Gap et autant à Saint-Etienne pour un sit-in dans le calme. Les manifestants étaient aussi une centaine à Marseille où ils ont brandi la banderole "Ils détruisent l'essentiel, ils construisent l'inutile, ils tuent le dialogue".

Un pique-nique à Paris. Dans la capitale, un "pique-nique solidaire" avait été organisé au milieu d'une mini-ZAD (zone à défendre) reconstitué sur une place de l'est parisien. Une centaine de personnes se sont réunies à l'appel de plusieurs collectifs, tandis qu'une sono diffusait des titres hostiles à la police et énumérait les noms de victimes de violences des forces de l'ordre.

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