Procès Méric : les proches attendent la justice pour un "garçon qui se tenait debout"

Samuel Dufour, Esteban Morillo et Alexandre Eyraud sont accusés d'avoir tué Clément Méric lors d'une rixe en 2013
Samuel Dufour, Esteban Morillo et Alexandre Eyraud sont accusés d'avoir tué Clément Méric lors d'une rixe en 2013 © AFP
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avec AFP
Les proches de l'étudiant antifasciste tué dans une rixe avec des skinheads à Paris en 2013, ont demandé justice mercredi pour "un garçon qui se tenait debout" face à des "casseurs de gauchos".

Les proches de Clément Méric, étudiant antifasciste tué dans une rixe avec des skinheads à Paris en 2013, ont demandé mercredi à la cour d'assises la justice pour "un garçon qui se tenait debout" face à des "casseurs de gauchos".

Devant le danger, "je comprends ce père qui dit à son fils de passer son chemin... mais j'aime ce fils qui ne déserte pas la rue, qui se tient debout", a dit aux jurés Christian Saint-Palais, l'un des conseils des parents Méric. "Clément aurait aujourd'hui 23 ans. Je pense qu'il aurait ri de l'image de la brute épaisse chasseur de 'skins' que certains lui ont prêtée. Il aurait peut-être fait une réflexion sur le fait qu'il n'y a pas beaucoup de femmes parmi les avocats", a supposé Cosima Ouhioun, avocate de la famille. "Peut-être aussi, a-t-elle ajouté, aurait-il été gêné par cette image d'icône" de l'antifascisme qu'il est devenu.

La partie civile appelle la cour à condamner "une agression caractérisée". Cinq ans après, les avocats des parties civiles ont appelé la cour à condamner "une agression caractérisée", pour "signifier qu'on ne peut pas tuer impunément un jeune homme" dans les rues de Paris. Le 5 juin 2013, à 18h43, Clément Méric, étudiant de 18 ans, s'écroule, mortellement blessé, lors d'une brève bagarre entre militants antifascistes et skinheads d'extrême droite, en marge d'une vente privée de vêtements. Deux skinheads, Esteban Morillo et Samuel Dufour, sont jugés pour des coups mortels en réunion et avec arme et encourent 20 ans de réclusion. Un troisième, Alexandre Eyraud, comparaît pour violences et risque cinq ans d'emprisonnement.

La question centrale de l'usage ou non d'un poing américain. Morillo a reconnu avoir porté deux coups - à poings nus - à Méric. Dufour affirme s'être battu, mais pas avec Méric. Eyraud, lui, assure n'avoir frappé personne. Ils nient avoir porté un poing américain et accusent les "antifas" d'avoir provoqué la bagarre. Une ligne de défense qu'ont tenté d'enfoncer les parties civiles, re-convoquant une série de témoins qui ont distinctement vu un poing américain sur les principaux accusés, ou les SMS de Samuel Dufour où il se vante lui-même d'en avoir utilisé un.

Pas de réels "regrets". Michel Tubiana, avocat de deux camarades de Méric, a fustigé des accusés qui n'ont pas de réels "regrets" mais cherchent à "gommer" leur adhésion à une idéologie "de haine de celui qui est différent: on n'aime pas le Noir, l'Arabe, le Tzigane, le PD". Car pour les parties civiles, les skinheads sont à l'origine des violences: "Lorsqu'ils sont sortis, ils sont allés taper du gaucho, comme à la Manif pour tous ils ont tapé du PD", a résumé Me Saint-Palais. Et après les coups mortels, a souligné Me Ouhioun, "il y a un groupe qui présente des lésions de défense, un autre qui va boire des bières au Local", le bar de la figure de l'ultradroite Serge Ayoub. Verdict vendredi.