Procès Merah : les vidéos des assassinats ne seront pas diffusées

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP
Le tueur avait filmé l'ensemble de ses actions avec une caméra fixée sur son torse avec un harnais. 

Le président de la cour d'assises de Paris où est jugé le frère de Mohamed Merah a décidé jeudi soir que les images des assassinats filmées par le tueur au scooter ne seront pas diffusées à l'audience, comme le réclamaient des parties civiles. "J'ai vu ces films. Les images sont atroces et leur diffusion ne me paraît pas utile à la manifestation de la vérité", a expliqué le président Franck Zientara à l'issue d'un débat entre les parties sur l'opportunité de diffuser ces images.

Les tueries filmées avec une caméra fixée sur son torse. Le magistrat a en revanche estimé que la présentation des films uniquement aux magistrats professionnels chargés de juger Abdelkader Merah et Fettah Malki, accusés respectivement de "complicité" d'assassinat et d'association de malfaiteurs criminelle, pouvait être sujet à discussion. Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah a assassiné sept personnes à Toulouse et Montauban, avant d'être abattu le 22 mars dans son appartement par des policiers d'élite du Raid. Le tueur a filmé l'ensemble de ses actions avec une caméra fixée sur son torse avec un harnais. Il a également réalisé un film de propagande avec les images des meurtres intitulé "Al-Qaïda attaque la France".

Les parties civiles divisées. Lors du débat, l'avocate générale Naïma Rudloff s'était dite hostile à la diffusion des images qualifiées d'une "cruauté insoutenable", même à huis clos, en évoquant un risque de "trouble à l'ordre public, des conséquences psychologiques et le refus de participer à la stratégie d'Al-Qaïda qui voulait que ces images soient vues. Les parties civiles étaient divisées, certaines se sont prononcées pour une diffusion publique comme la famille des militaires Mohamed Legouad, Abel Chennouf et Loïc Liber.

"Indécent", selon Me Dupond Moretti. L'avocat de Samuel Sandler, père et grand-père de victimes de l'école juive, s'est prononcé pour une diffusion à huis clos alors que l'avocate d'Eva Sandler, mère de deux des enfants assassinés, s'est fermement opposée à toute diffusion. Du côté de la défense, Me Eric Dupond Moretti a estimé que diffuser de telles images serait "indécent". "La cour d'assises ne peut pas faire ce que Mohamed Merah rêvait de faire. Si on le faisait, j'aurais l'impression d'avoir touché le fond", a lancé le ténor du barreau en s'interrogeant, dans le cas d'une diffusion restreinte aux magistrats, sur la liberté laissée aux membres de la cour de visionner ou non ces images. "Pour ma part, je ne les regarderai pas", a-t-il tranché.