Procès Kabou : quand surgit le souvenir d'Adélaïde en pleine audience

fabienne kabou
© BENOIT PEYRUCQ / AFP
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C.P.-R. avec AFP , modifié à
Des images de la petite "Ada", déposée par sa mère Fabienne Kabou sur le sable à la marée montante, ont été diffusées au troisième jour du procès, suscitant une vive émotion. 

Un bébé en body blanc au sein de sa mère, des gazouillis… Les souvenirs d'une enfance qui aura duré 15 mois. Mercredi, au troisième jour du procès de Fabienne Kabou, accusée d'avoir tué sa petite fille en l'abandonnant à marée montante sur une plage de Berck-sur-Mer, la cour d'assises de Saint-Omer a donné à voir et entendre la courte vie d'Adélaïde.

Un beau bébé, paisible. "Ada, Ada, Ada", dit Fabienne Kabou, s'adressant à l'enfant d'une voix douce, tandis que, filmée en gros plan, la petite Adelaïde gazouille. Issue du téléphone portable de Fabienne Kabou, cette vidéo d'environ deux minutes, projetée sur un écran de télévision, pétrifie la salle. Le visage de la petite apparaît en gros plan. Tandis que l'accusée regarde furtivement l'extrait, Michel Lafon, le père de la fillette – constitué partie civile -, détourne quant à lui son regard, préférant se boucher les oreilles.

Quelques minutes auparavant, un silence profond s'était déjà installé dans la salle d'audience, lors de la projection de deux photos de la fillette. Sur l'un des clichés, un nourrisson vêtu d'un body blanc tète le sein de sa mère. Sur l'autre, la petite Adélaïde fixe l'objectif, assise, une petite casquette sur la tête. Sur celui-ci, "elle a treize mois", dit Fabienne Kabou, s'essuyant les yeux avec un mouchoir. Deux mois plus tard, le 20 novembre 2013, "Ada" est retrouvée par un pêcheur de crevettes, visage contre le sable de la plage de Berck, emmitouflée dans une épaisse combinaison.

Kabou s'était renseignée sur l'horaire des marées. Sans transition, un expert informatique est ensuite appeler à témoigner à la barre. Sur l'ordinateur de Fabienne Kabou, on retrouve plusieurs photos d'enfants inconnus et de femmes enceintes, indique-t-il. L'expert a également découvert des recherches internet au sujet de "la grossesse", "la péridurale", "la maternité". Et aussi, dans la mémoire de l'ordinateur, un film : "Bébé mode d'emploi".  

Alors que Fabienne Kabou a invoqué la sorcellerie à l'ouverture de son procès, pour tenter d'expliquer son geste, l'expert indique qu'il n'a trouvé sur le disque aucun élément en lien avec la sorcellerie, mais des recherches sur la symbolique des nombres.  Selon ses expertises, l'accusée s'est en revanche renseignée sur la ville de Berck, en particulier sur l'horaire des trains en direction de cette ville côtière, mais aussi sur celui des marées.