Procès Fiona : cinq et vingt ans de prison pour la mère et son ex-compagnon

Trente ans de réclusion avaient été requis à l'encontre de la mère de Fiona et de son ex-concubin.
Trente ans de réclusion avaient été requis à l'encontre de la mère de Fiona et de son ex-concubin. © Benoit PEYRUCQ / AFP
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Salomé Legrand avec T.M. et AFP , modifié à
L'avocat général avait requis 30 ans de réclusion contre la mère et son ex-concubin pour la mort de la fillette en 2013.

La mère de la petite Fiona a été condamnée vendredi à cinq ans d'emprisonnement et son ex-compagnon Berkane Makhlouf à vingt ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté des deux-tiers par la cour d'assises du Puy-de-Dôme.

La mère non coupable de violences volontaires. Au terme de dix jours d'un procès à rebondissements, Cécile Bourgeon a été acquittée partiellement du chef de violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Elle n'a donc été condamnée que pour les délits qu'elle avait d'ailleurs reconnu : non-assistance à personne en danger et dénonciation mensongère. La cour explique que le seul élément à charge contre elle était la parole de Berkane Makhlouf, jugée trop tardive et variable. La cour a néanmoins prononcé le retrait de l'autorité parentale sur ses deux autres enfants.

Berkane Makhlouf reconnu coupable de coups mortels aggravés. Son ex-concubin a lui été reconnu coupable de coups mortels aggravés. Trente ans de réclusion criminelle, la peine maximale, avaient été requis à l'encontre des deux accusés pour la mort de la fillette de cinq ans en 2013. L'avocat général avait réclamé que leur condamnation soit assortie d'une peine de sûreté des deux-tiers et d'un suivi socio-judiciaire de vingt ans.

Rage et dépit dans le public. Les deux accusés ont quitté le box sans exprimer de réactions. Le père de Fiona avait quant à lui quitté la salle d'audience sitôt le verdict proclamé. "La manipulation et le mensonge ont triomphé sur la vérité", a dénoncé son avocat Me Charles Fribourg. À l'extérieur du tribunal, une cinquantaine de personnes, qui attendaient la sortie du fourgon emportant les accusés après l'annonce du verdict, ont copieusement injurié la mère de Fiona et craché sur son passage.

Possibilité de faire appel. Ce verdict représente "une immense satisfaction", a commenté l'avocat de Cécile Bourgeon, Me Renaud Portejoie. "Le droit l'a emporté sur la rue. Ce n'était pas simple, le climat était tendu. La cour d'assises avec courage a su se départir de l'émotion et rendre la justice sereinement", a-t-il estimé. Si le parquet général décide de ne pas faire appel, Cecile Bourgeon sortira de prison "d'ici les prochaines semaines". De l'autre côté, l'avocat de Barkane Makhlouf a aussitôt évoqué la possibilité de faire appel du jugement. "La Cour s'est montrée aveugle sur une partie des faits", a-t-il noté.

La cause de la mort pas éclaircie. Les ex-concubins avaient fait croire à un enlèvement pendant des mois, avant d'avouer la mort de Fiona dont le corps n'a jamais été retrouvé. Faute d'autopsie, la cause de la mort de Fiona n'a pas été éclaircie - coups, absorption de médicaments, voire de drogues, le couple étant toxicomane. La défense n'a eu de cesse de plaider l'accident domestique, exhortant la cour à ne pas céder à "l'émotion" et à la "colère" dans leur condamnation. La décision du tribunal a été rendue publique six heures après que la cour se fut retirée pour délibérer.