Procès du Carlton de Lille : le langage "peu châtié" de DSK

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Marie-Laure Combes, envoyée spéciale à Lille , modifié à
À L'AUDIENCE - Les éléments à charge contre Dominique Strauss-Kahn ont été vite évacués par le tribunal.

Ce devait être l'examen des éléments du dossier les plus à charge contre Dominique Strauss-Kahn, ceux qui lui ont valu son renvoi devant le tribunal correctionnel pour proxénétisme aggravé. Mais jeudi, le tribunal a évacué la question en 1h20 chrono. Les textos échangés entre DSK et son ami Fabrice Paszkowski - 37 ont été retenus dans le dossier - et l'appartement que louait le patron du FMI d'alors dans le chic 16e arrondissement de Paris pour recevoir discrètement n'ont pas eu l'air d'intéresser la cour.

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Merci pour la "super soirée". La lecture des échanges de textos par le président ne nous apprend pas grand chose sur la connaissance qu'aurait eu DSK du fait que les filles amenées par ses amis étaient payées. "Veux-tu ou peux-tu venir découvrir une magnifique boîte coquine à Madrid avec moi et du matériel ?", demande ainsi Dominique Strauss-Kahn. Dans un autre, il remercie son ami Fabrice pour la "super soirée" au Tantra et à l'Amigo, à laquelle a participé Jade. "Je serai à Washington, ce serait chouette que tu viennes mais si tu ne peux pas ne t'en fais pas", envoie encore DSK, qui parle, une autre fois, de la "délégation de copines" avec laquelle Fabrice doit venir aux Etats-Unis.

De son côté, Fabrice Paszkowski n'hésite pas à vanter les mérites des filles qu'il compte amener aux soirées : "parfait pour la nouvelle, c'est un phénomène". "Vous ne vous souvenez toujours pas de son nom M. Paszkowski ? Pourtant on doit s'en souvenir d'un phénomène…", ironise le président. Paszkowski évoque encore "les meilleures candidatures" - "on parle juste de copains", se justifie-t-il à la barre -, ou "un matériel nouveau" - "un langage peu châtié que je regrette", ajoute-t-il.

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Les filles, du "matériel". "On a l'impression que Fabrice Paszkowski se soumet à votre bon vouloir", note le président. "Quand il me fait une proposition, ce n'est pas se soumettre à mon bon vouloir. Pendant les 3 ans et demi que j'ai passé à Washington, j'ai eu beaucoup de visites. J'étais à Washington à peu près une semaine sur deux, donc il fallait caler des dates. Ce n'était rien de plus parmi beaucoup d'autres visites", répond DSK, visiblement irrité par cet étalage de textos. Quant au mot "matériel", utilisé une fois par Fabrice Paszkowski et une autre par DSK, pour désigner des filles, Dominique Strauss-Kahn s'agace là encore : "le mot matériel est utilisé une fois et on en fait tout un plat. Je regrette ce vocabulaire de corps de garde. Mais quand je dis matériel, c'est pour dire de venir avec qui il veut."

Puis la cour passe au fameux appartement de la rue d'Iéna, dans le très chic 16ème arrondissement de Paris. "On est dans le grand luxe", note le président. "On vise l'article 225-10 qui consiste à mettre des locaux privés à disposition d'une prostituée. Ces locaux c'est l'appartement rue d'Iéna", précise-t-il. "Il a fallu faire des recherches pour s'apercevoir que vous êtes le locataire final de l'appartement. Mais le bail n'est pas à votre nom, mais au nom d'un monsieur que personne ne voit jamais rue d'Iéna. La question c'est : pourquoi cacher cette location ?", demande la cour.

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"Vous l'avez présenté en 2 min 30, ça ne mérite pas plus. Je suis un homme politique marié, j'avais besoin d'un endroit pour recevoir des hommes politiques en toute discrétion ou des femmes pour des relations privées. J'ai demandé à un ami de mettre le bail à son nom. Je ne veux pas, parce que je suis marié, qu'on sache que j'ai un appartement à mon nom donc je le fais louer par un copain, c'est aussi simple que cela", répond DSK, une nouvelle fois agacé. Dans cet appartement, se déroulaient "des soirées libertines", "mais je ne les ai pas organisées", martèle-t-il une dernière fois.

Il est 10h50 : "je n'ai pas d'autre question", annonce le président. C'est le clap de fin sur deux jours et demi d'audition de DSK. Tout ça pour ça.