Prisons : le conflit risque d'entraîner la libération de détenus dangereux, alerte une magistrate

Béatrice Brugère était l'invité d'Europe soir mercredi.
Béatrice Brugère était l'invité d'Europe soir mercredi. © EUROPE 1
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T.M. , modifié à
Béatrice Brugère, secrétaire générale d’Unité Magistrats-FO et ancienne juge antiterroriste, estime sur Europe 1 que la grève des surveillants de prisons pourrait avoir "des conséquences juridiques catastrophiques".
INTERVIEW

Béatrice Brugère tire la sonnette d'alarme. Alors que le mouvement social des surveillants de prison, d'une ampleur inédite depuis 25 ans, ne cesse de s'enliser, la secrétaire générale d’Unité Magistrats-FO s'inquiète sur Europe 1 des conséquences "catastrophiques" que pourrait avoir ce blocage sur le fonctionnement de la justice. Selon cette ancienne juge antiterroriste, le conflit risque en effet d'entraîner la libération de détenus dangereux.

Des dossiers pas instruits dans les délais. "Je pense qu'on va entrer dans une zone de turbulences, d'insécurité juridique pour les procédures où il y a des détenus. Si leurs dossiers ne sont pas instruits dans les délais, ils pourront être mis dehors. Y compris des terroristes", s'alarme la magistrate.

"Concrètement, les magistrats ont des délais légaux, environ vingt jours, pour prendre une décision sur les procédures de prolongation de détention ou de demande de mise en liberté. Si ces détenus demandent à comparaître devant leurs juges et qui ne peuvent pas le faire, on a une seconde solution qui s'appelle la visioconférence", détaille Béatrice Brugère dans Europe Soir. "Mais il y a également des problèmes pour les visioconférences", regrette-t-elle. "Si on ne peut pas les extraire, les faire comparaître, les magistrats seront obligés non pas de renvoyer les dossiers mais de mettre fin à la détention et donc de mettre ces personnes en liberté".

Entendu sur europe1 :
Je dis à la ministre de régler au plus vite ce conflit de façon responsable

Un appel lancé à la ministre. Plus qu'un appel à lever les blocages, dont elle se dit "solidaire", la syndicaliste lance surtout un message à l'attention de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, en première ligne dans ce conflit : "Je dis à la ministre de régler au plus vite ce conflit de façon responsable".

Au lendemain de l'échec de négociations, le bras de fer continuait plus que jamais mercredi entre les syndicats, déterminés à poursuivre ce mouvement, et la garde des Sceaux. "La porte est ouverte pour reprendre le dialogue", indiquait-on mercredi matin place Vendôme. Mais aucune rencontre n'est encore prévue avec les organisations syndicales. Mercredi, au moins 119 des 188 prisons françaises étaient toujours perturbées.