Prison des Baumettes : la double peine pour les détenus du bâtiment historique

La façade de la nouvelle prison des Baumettes, à Marseille.
La façade de la nouvelle prison des Baumettes, à Marseille. © BERTRAND LANGLOIS / AFP
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Nathalie Chevance et A.D
A Marseille, la moitié des détenus des Baumettes s'entassent dans les vieux locaux de la prison alors que l'autre moitié a investi de nouvelles cellules. Les premiers se sentent abandonnés.
REPORTAGE

Aux Baumettes, à Marseille, un sentiment d’abandon gagne les détenus restés dans la vieille prison, quand l'autre moitié des détenus a été transférée dans un bâtiment flambant neuf il y a deux mois. Pour les premiers prisonniers, c'est la double peine.

"Des humains quand même !". Les deux univers carcéraux cohabitent, reliés par un tunnel souterrain de 20 mètres de long. D'un côté du tunnel, la nouvelle prison, avec 1.000 détenus enfermés dans des cellules dotées de douches individuelles - une révolution - et de l'autre, les Baumettes historiques où autant de prisonniers continuent de s'entasser dans des conditions sanitaires déplorables. Renée voit son fils incarcéré "délaissé, moins bien considéré" dans cet ancien bâtiment. Au micro d'Europe 1, elle déplore les conditions d'hygiène des lieux : "deux douches par semaine, par cette chaleur ! Ce sont des humains quand même. C'est honteux", s'indigne-telle. 

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La façade de la nouvelle prison des Baumettes. Crédit : BERTRAND LANGLOIS / AFP

"Envie". C'est aussi au-delà du tunnel que sont concentrés la plupart des activités et le parloir. Une organisation qui n'est pas sans conséquence, admet la directrice Christelle Rotach : "Je pense que ce sentiment d'abandon est assez naturel, par le fait de rester dans de vieux locaux, par le fait de ne pas avoir investi les locaux neufs avec la douche en cellule. C'est aussi peut-être un sentiment d'envie, ça rend la situation compliquée. On a la coexistence de deux structures qui appartiennent à des siècles différents."

Il faudra encore attendre un an pour que la prison historique soit entièrement vidée et que les détenus soient orientés vers les nouveaux centres pénitentiaires d'Aix-en-Provence et Draguigan. Le nouveau bâtiment des Baumettes, lui, est déjà proche de la saturation.