Prison de Fresnes : l'État sommé par la justice de dératiser les cellules

C'est l'Observatoire international des prisons qui avait décidé d'assigner l'État en justice.
C'est l'Observatoire international des prisons qui avait décidé d'assigner l'État en justice. © FRED DUFOUR / AFP
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avec agences , modifié à
Le tribunal administratif de Melun a condamné jeudi l'administration pénitentiaire à prendre des mesures contre les nuisibles, qui prolifèrent dans la prison de Fresnes.

Le tribunal administratif de Melun, en Seine-et-Marne, a ordonné jeudi à l'administration pénitentiaire de prendre des mesures pour mettre un terme à la prolifération d'animaux nuisibles dans la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne.

Rats, cafards, puces et punaises. Cette juridiction avait été saisie par la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP), qui dénonçait la "carence" des autorités face à la présence de rats, puces, punaises ou encore cafards au sein de l'établissement. "Il résulte de l'instruction que les locaux du centre pénitentiaire de Fresnes sont infestés d'animaux nuisibles, que les rats y prolifèrent et circulent, que de nombreux insectes tels des cafards, puces ou punaises colonisent les espaces communs ainsi que certaines cellules", écrit le juge des référés dans son ordonnance.

Une situation qui "affecte la dignité des détenus". "Une telle situation affecte la dignité des détenus et est de nature à engendrer un risque sanitaire pour l'ensemble des personnes fréquentant l'établissement", ajoute-t-il. Le juge souligne que la situation est "en voie d'amélioration" grâce à des mesures prises par l'administration. "Toutefois, toutes les actions n'ont pas encore été complètement engagées", indique-t-il. Il ordonne ainsi la poursuite, "dans les meilleurs délais", de toutes les mesures nécessaires pour bétonner les zones sableuses de l'établissement, reboucher les égouts par lesquels les rats s'infiltrent et intensifier l'action de dératisation.

Le ministère de la Justice "va intensifier les efforts". Lors de l'audience, mercredi, l'OIP avait exposé de nombreux et récents témoignages de détenus se plaignant, entre autres, de lits infestés de punaises, des odeurs pestilentielles de rats morts ou de la cohabitation en cellule avec des cafards par centaines. L'administration pénitentiaire avait fait de son côté valoir un plan d'action mis en oeuvre depuis février, après que deux détenus eurent contracté la leptospirose, une maladie potentiellement mortelle transmise par les rats. "On prend acte de la décision que l'on va étudier plus précisément", a indiqué le ministère de la Justice, sans se prononcer sur un éventuel appel. "Le juge reconnaît que la situation est en voie d'amélioration mais on va intensifier les efforts comme demandé", a ajouté cette source.

Une "victoire" pour l'OIP. "C'est une victoire pour l'OIP qui force une fois encore l'administration à la réaction grâce au juge", a réagi l'avocat de l'organisation, Me Patrice Spinosi. "Il est désespérant de voir qu'il est encore nécessaire d'avoir recours à des procédures judiciaires pour obtenir que le niveau minimal de dignité soit reconnu aux détenus français", a-t-il ajouté.

Problèmes récurrents. Les problèmes d'insalubrité ont été signalés depuis plusieurs mois à Fresnes, où sont incarcérés 2.800 détenus pour 1.607 places théoriques et où le taux de surpopulation dépasse les 200% dans la maison d'arrêt pour hommes. Fin 2012, le Conseil d'État, déjà saisi par l'OIP, avait ordonné la dératisation et la désinsectisation sous dix jours de la prison des Baumettes à Marseille.