Patrice Dallem est directeur de l'urgence et du secourisme à la Croix-Rouge.
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G.P.
SOCIÉTÉ - Depuis le 13 novembre, les Français se renseignent davantage sur les premiers secours et l’attitude à tenir en cas d'attaque terroriste.

Vendredi 13 novembre 2015, deux commandos terroristes commettent des attentats à Paris et à Saint-Denis. Très vite, des premiers chiffres sur le nombre de blessés et de morts circulent. Dans tous les esprits naît alors la même réflexion : "cela aurait pu être moi, ou mes amis".

Face à la crainte d'être confronté demain à l'horreur, les Français cherchent, depuis le 13 novembre, à s'organiser. "Sur la seule ville de Paris, nous avons formé 500 personnes de plus aux premiers secours, par rapport à 2014. On est passé de 900 à 1.400", constate Patrice Dallem, directeur de l'urgence et du secourisme à la Croix-Rouge et invité dans "Il n'y en a pas deux comme elle" lundi.

Les Français, en retard sur les formations aux premiers secours. Dès les premiers jours post-attentat, les motivations sont claires. "Cela était 'je veux m'organiser pour qu'il n'y ait plus jamais ça' ou encore 'je veux être capable de..' ", confie Patrice Dallem. Certains Français souhaitent répondre présents en cas de nouvelles attaques, à la manière de leurs collègues norvégiens dont 95% possèdent une attestation de formation aux premiers secours. En France, seuls 30% sont détenteurs du sésame équivalent. "Il y a une opposition assez forte entre les pays latins et les pays du nord. (...) La culture citoyenne de partage, de prendre soin de soi et des siens, est plus ancrée dans les pays anglo-saxons que chez nous", indique Patrice Dallem.

Prendre son destin en main. Les premiers secours ne sont pas les seuls domaines dans lesquels les Français cherchent à se renforcer. Le manuel de survie, Vivre avec la menace terroriste, de Raphaël Saint-Vincent, chargé de la prévention du risque terroriste au sein de l’Union des Sociétés d’Éducation Physique et de Préparation Militaire (USEPPM), a quintuplé son tirage de départ.

Pour l'auteur du livre, l’explication d'un tel engouement est simple. "Je l'analyse comme une prise de conscience des Français que l'Etat ne peut pas tout pour eux et que, face à l'horreur du 13 novembre, il faut que le citoyen et que chacun d'entre nous prennent son destin en main", estime le chargé de prévention au micro de Marion Ruggieri.

"Si vous voyez, à la sortie des toilettes dans le Thalys, que quelqu'un sort avec une kalachnikov et que soit vous lui arrachez le fusil, soit il vous tue : il faut essayer d'arracher le fusil", affirme Raphaël Saint-Vincent, prenant ainsi en exemple l'acte héroïque d'un banquier français qui avait participé à faire échouer l'attentat du Thalys à l'été 2015.

Après les attentats de novembre, Najat Vallaud-Belkacem et Bernard Cazeneuve avaient annoncé de nouvelles mesures pour la sécurité à l'école, notamment une "sensibilisation intensive" aux premiers secours.

>> Retrouvez l'intégrale de l'émission "Il n'y en a pas deux comme elle" :