Pourquoi peut-on craindre un épisode de sécheresse dès avril ?

sécheresse, Reims, août 2015 crédit : FRANÇOIS NASCIMBENI / AFP - 1280
Certaines rivières pourraient être asséchées cet été comme en août 2015 à Reims © FRANÇOIS NASCIMBENI / AFP
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Marthe Ronteix
Ces derniers mois, la France a connu peu d'épisodes de pluie. Une situation qui pourrait conduire à une sécheresse l'été prochain.

Le mois de mars 2017 a été le plus chaud depuis 1900, avec une moyenne de 11°C sur l'ensemble de l'Hexagone, selon Météo-France. Une bonne nouvelle pour les Français qui ont pu profiter du soleil avant l'été. Mais ces températures douces se sont accompagnées d'un déficit de pluie depuis plusieurs mois. Si cette situation perdure, elle entraînera des épisodes de sécheresse cet été. C'est pourquoi certaines préfectures, comme celle de l'Isère, ont appelé leurs administrés à limiter leur utilisation d'eau dès la semaine dernière.

 

Pourquoi parle-t-on de sécheresse alors que l'on est encore au printemps ?  

"La chaleur n'a rien à voir avec la sécheresse. On peut avoir un temps froid mais sec. La température et l'humidité sont deux paramètres différents", explique Nicolas Le Friant, ingénieur météorologue chez MeteoGroup, interrogé par Europe1.fr. C'est pourquoi il ne faut pas se fier aux températures extérieures qui nous paraissent douces. Le problème vient d'un manque de pluie.

"D'ailleurs la sécheresse commence généralement en hiver. Car c'est à ce moment-là que les nappes phréatiques doivent se ressourcer. Il faut donc beaucoup de pluie de janvier à mars. Car dès que le printemps arrive, c'est la végétation superficielle qui capte toutes les précipitations et non le sol, comme ce peut être le cas en hiver."

Ce phénomène de manque de pluie est-il exceptionnel pour la France ?

"Non", assure Nicolas Le Friant. "Et il ne faut pas non plus lier ce phénomène au réchauffement climatique." Car cette situation s'est déjà produite et pas plus tard que l'année dernière. "2016 a été une année normale en termes de précipitations même si elles se sont mal réparties sur l'ensemble de l'année. De janvier à juin, on a eu beaucoup de pluie." C'est d'ailleurs à cette période-là que plusieurs départements ont été inondés et que la Seine est sortie de son lit. "Puis ça s'est arrêté et de juillet à décembre, on a observé un net déficit de précipitations."

À l'inverse cette année, nous avons eu un temps très sec depuis décembre dernier. "On a observé un déficit de 78% de précipitations à Paris. Il s'est réduit à 50% en janvier puis encore en février. Mars a été en excédent de 25%", rappelle Nicolas Le Friant, ce qui aurait pu augurer d'un épisode de précipitations tardif. "Mais avril est un mois particulièrement sec. Par exemple dans le bassin rennais, il y a eu 0 mm de précipitations."

Pourquoi lancer des alertes à la vigilance dès avril ?

En réalité, cet épisode de sécheresse a commencé il y a plusieurs mois. "Il n'est donc pas étonnant que certains départements lancent des alertes. Ils appliquent surtout le principe de précaution car la météo reste très changeante. S'il ne pleut pas dans les prochaines semaines, les prochains mois, la situation pourrait s'aggraver. On a déjà vu des feux de forêt en Gironde", la semaine dernière, précise le spécialiste. Des événements qui surviennent généralement plutôt en été.

Comment cet épisode peut-il évoluer ?

Le météorologue prévoit deux scénarios pour les semaines et les mois à venir. Le temps peut devenir humide comme le laissent présager les précipitations prévues jusqu'au 1er mai. C'est ce qu'il s'est passé en 2007. "Le mois d'avril 2007 a été encore plus sec que celui de 2017 avec 0 mm de précipitations. Finalement l'été a été très pluvieux et frais", ce qui a rechargé les nappes phréatiques asséchées.

À l'inverse, la situation pourrait se dégrader, comme en 1976. "On a connu un épisode de sécheresse historique. Cet été 1976, très chaud et très sec, a été le pire de ces 40 dernières années car il faisait suite à un hiver et un printemps également très secs", détaille Nicolas Le Friant. Une perspective qui n'est pas encore à l'ordre du jour pour 2017.