Pourquoi les rappeurs sont-ils devenus des cibles de Daech ?

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C.G.
Après avoir assassiné deux fonctionnaires de police à leur domicile, Larossi Abballa voulait s'en prendre à des politiques, des journalistes...et des rappeurs.

Dans une vidéo diffusée lundi sur Facebook, après le meurtre de deux fonctionnaires de police à leur domicile, dans les Yvelines, Larossi Abballa, l'auteur de la tuerie - qui a prêté allégeance à l'Etat islamique - menace des hommes politiques, des journalistes exposés et deux noms du rap français. Une cible jusqu'alors inhabituelle des terroristes.  Les personnalités visées ont depuis été placées sous surveillance policière.

Les rappeurs sont décrits par Larossi Abballa comme "des alliés de Satan", qui "égarent les gens." "On viendra vous chercher", profère-t-il dans son testament virtuel, "comme je suis venu chercher ce policier chez lui." Pourquoi s'en prendre désormais aux rappeurs ? Parce qu'ils représentent une forme de "concurrence au djihad", avance Olivier Cachin, journaliste spécialiste du rap, dans les colonnes du JDD. 

Le rap, concurrent de Daech.  "Le rap est la musique numéro 1 écoutée par la jeunesse, en particulier dans les quartiers dits populaires. Or tous ceux qui ont de l'influence sur ce public représentent un concurrent, voire une menace pour le djihadisme. Qu'on le veuille ou non, le rap dérange car il apporte une forme de réflexion et de divertissement rejetés par cette idéologie", explique Olivier Cachin. "Pour l'Etat islamique, seul l'endoctrinement compte."

Dans L'Express, d'autres experts rappellent que des djihadistes connus ont d'ailleurs essayé de détourner les codes du rap à leur avantage. C'est le cas des frères Clain, qui ont revendiqué l'attentat du 13 novembre. Fabien avait même ouvert une page Facebook au nom de "Rappeleur", en 2011, sur laquelle il avait posté son tout premier chant religieux façon rap. 

Des femmes dénudées et des voitures bling-bling. "Après les dessinateurs de presse, les chanteurs de hard-rock, c'est maintenant au tour des rappeurs", poursuit Olivier Cachin. "Tout cela reste conforme à l'idéologie obscurantiste et rétrograde du djihadisme." Beaucoup de clips de rap montrent des femmes dénudées et évoquent la consommation de drogue et d'alcool. Ecouter du rap est donc strictement interdit par l'Etat islamique, au même titre que toute musique.