Grève à la SNCF : "le patronat veut faire régresser le droit des cheminot"

Pascal Poupat 1280 4:12
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Mardi, les syndicats de la SNCF ont lancé leur troisième appel à la grève en moins de deux mois, espérant influer sur la négociation des conditions de travail.
INTERVIEW

C’est le troisième mouvement social en moins de deux mois. À la SNCF, l’appel lancé par tous les syndicats semblent avoir été entendu : mardi matin les perturbations étaient nombreuses sur le réseau avec un TGV et un Transilien sur deux en circulation en moyenne, quatre TER sur dix et un Intercités sur trois. A la mi-journée, la direction faisait état d'un taux de grévistes de 24% tandis que les syndicats avançaient pour leur part le chiffre de 50%.

La SNCF toujours en grève ? "On se l’éviterait bien", concède Pascal Poupat secrétaire fédéral CGT Cheminots. Il justifie notamment ce mouvement par une remise en cause de l'aménagement du temps de travail des cheminots : "L'un des principaux arguments pour cette grève c’est la sécurité des circulations, et pour ça il faut des gens bien formés, qui aient un nombre de jours de repos suffisant". "Le patronat veut faire régresser le droit des cheminots, en abaissant le nombre de jours de repos, en abaissant le nombre de congés, en abaissant le nombre de week-ends et en augmentant les amplitudes", déplore-t-il au micro d’Europe 1, assurant par ailleurs "que certaines boîtes privées font beaucoup plus grève que les cheminots."

Dégradation du service. Mais avec ce troisième mouvement, les grèves à la SNCF apparaissent de plus en plus comme injustes et régulières. "Les cheminots sont bien conscients de la gêne occasionnée, sauf que si vous rencontrez des usagers au quotidien ils ont de la gêne, et sans grève !", explique Pascal Poupat, citant notamment les fermetures de gares, de lignes, de guichets et la perte de 25.000 employés en dix ans. "On est aujourd’hui devant un mur qui ne veut pas ouvrir de négociations sur les conditions de travail, qui ne veut pas ouvrir les négociations sur l’emploi et sur les salaires. Ça fait beaucoup, et c’est pour ça qu’on se retrouve dans une unité totale au niveau des organisations syndicales", justifie le responsable.

Pour autant, existe-t-il un autre moyen que la grève ? "On a fait des manifestations. La problématique c’est qu’on n’est pas entendu. On espère qu’avec cette grève ça va enfin se débloquer", avance le syndicaliste. Surtout, il renvoie la balle dans le camp du patronat, le véritable responsable, selon lui, des blocages : "La politique menée depuis des années à la SNCF n’est pas bonne, tant en investissements, on le voit bien pour le réseau, qu’en condition de travail parce que, je suis désolé de le dire comme ça, la politique menée a fait des dizaines de morts chez les usagers et des centaines chez les cheminots !"